jeudi 8 décembre 2016

Jay and Joy, la première boutique de fromages vegan

Découvrez Jay & Joy, la première boutique de fromages vegan à Paris. Des fromages végétaux à foison pour des apéros cruelty-free où le plaisir est de mise.

Que les vegan nostalgiques du fromage ou en passe de l’être se rassurent, Jay & Joy vient combler vos envies avec des fromages végétaux gourmands. Une boutique à Paris spécialisée en "vromage" pour retrouver les saveurs uniques des classiques mais sous un twist végétal et garantis sans produits d’origine animale.

A l’origine, c’était un atelier dédié aux fromages qui fournissait des restaurateurs et magasins spécialisés. Depuis, Jay & Joy s’est ouvert aux particuliers et propose des dégustations qui s’annoncent alléchantes. Dans leurs rayons, on retrouve du fromage vegan crus à base de noix de cajou déclinés sous différentes versions entre fines herbes, citron ou poivre noir. Un des plus connus est le « Joy », comme le nom de la boutique le suggère.

Les adeptes des tartines y trouveront également leur compte avec des vromages frais à base de lait d’amande et huile de coco en saveurs tomate, moutarde et encore bien d’autres avec pour référence phare le « Jack ». Des gammes faites maison et bios qui mettent du piment dans l’assiette au propre comme au figuré et facilitent la transition pour les vegan en devenir qui redoutent le sevrage du fromage. Rassurez-vous, Jay & Joy veille sur vos papilles.

En bonus, la boutique propose également des « joyourts », à savoir des yaourts végétaux à base de coco ou d’amande pour retrouver le plaisir d’un dessert lacté sans le lait de vache.

Jay & Joy
5, rue Paul Bert
75011 Paris, France
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Source : Stylistic, 08/12/2016; www.jay-joy.com

mardi 27 septembre 2016

Perfect Day : la start-up qui invente le lait de vache sans vache

Deux Américains ont mis au point un lait de vache… sans vache ! Leur produit, fait à partir de levures, aurait le même goût et la même texture que le lait classique.

Les laits végétaux ont la cote dans les rayons de nos supermarchés. Que l’on soit vegan, intolérant au lactose ou tout simplement désireux de changer ses habitudes alimentaires pour des questions éthiques, nombreux sont ceux à utiliser ces produits alternatifs au lait de vache. Et il y a l’embarras du choix : lait d’amande, de soja, de riz, d’avoine ou encore lait de sésame. Problème : ces produits ne font pas le bonheur de tous les palais. Bien qu’il apporte presque tous les nutriments nécessaires, un lait végétal n’a pas le même goût qu’un bon lait de vache. Difficile également d’en faire du fromage. Une pizza au fromage végétal, ce n’est pas pareil, il faut bien l’avouer.

Une start-up américaine, baptisée Perfect Day (appelée auparavant Muufri), a donc eu l’idée de créer un lait de vache sans vache, à savoir un lait qui aurait le même goût, le même aspect, la même texture et les mêmes qualités nutritionnelles que le lait traditionnel. Seule différence, il n’est pas issu d’une vache. « Nous essayons de fabriquer un produit doté du meilleur des produits laitiers, mais aussi du meilleur des autres solutions alternatives », explique Perumal Gandhi, le cofondateur de la société, lancée en avril 2014 et basée à San Francisco, au site Co.Exist.

Mais comment font-ils ? Concrètement, leur produit est fabriqué à partir de véritables protéines de lait. Mais ici, elles ne sont pas produites par des vaches mais par de la levure. Les deux scientifiques insèrent de l’ADN de vache dans la levure alimentaire et ajoutent du sucre pour créer des protéines de lait par fermentation, un peu comme le processus de fabrication de la bière. Après la fermentation, ils récoltent les protéines et ajoutent enfin de l’eau, des graisses végétales, des sucres issus de plantes, des vitamines et des minéraux pour créer le produit final.

Sans lactose et écologique

Les deux fondateurs assurent ainsi produire un lait qui a le même goût que celui de vache. Un lait aussi sans lactose, sans gluten, sans hormones et sans OGM. La levure qui crée les protéines de lait est certes modifiée génétiquement mais  « nous faisons ensuite soigneusement purifier nos protéines de lait pour s’assurer qu’elles sont 100% vierges de toute levure avant de les ajouter à nos produits alimentaires », expliquent-ils sur leur site Internet.

Autre atout avancé par la start-up : pour produire leur lait, la consommation d’eau serait diminuée de 98%, l’utilisation de terres agricoles de 91%, et les émissions de gaz à effet de serre seraient réduites de 65% par rapport à la production laitière classique.

Perfect Day envisage de commercialiser ses premières briques ou bouteilles l’année prochaine. Les prototypes auraient obtenu l’aval de la FDA (Food and Drug Administration). Reste à savoir comment leur produit s’appellera car utiliser le terme « lait » s’avérerait quelque peu inexact. Les deux fondateurs souhaiteraient également se lancer dans la fabrication de yaourts, de fromages ou encore de glaces. Merci (ou pas) la science !
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Source : Justine Dupuy, reponse-conso.fr, 26/09/2016

lundi 26 septembre 2016

Manger des insectes peut causer des allergies

L’humanité nourrie en 2050 exclusivement grâce aux insectes? C’est peut-être une utopie: si les insectes sont riches en protéines, ils peuvent être allergisants.

En Chine, en 2008, un touriste français de 37 ans fait un choc anaphylactique après avoir mangé des vers à soie. La revue française d’allergologie rapportait il y a quelques mois de cela plusieurs cas de ce type: un touriste chinois victime d’une anaphylaxie au ver de palmier en Malaisie, des cas d’anaphylaxie au Botsuana, à cause de la consommation de chenille mopane…

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Source : Anne SANDRONT, lavenir.net, 24/09/2016

vendredi 23 septembre 2016

Doit-on arrêter de manger de la viande ?

Directeur du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille, le Dr Jean-Michel Lecerf publie "La viande : un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout ?" Dans cet ouvrage, il veut remettre de la raison au cœur d’un sujet parfois controversé. Entretien.

Qu’avez-vous voulu démontrer avec ce livre ?

J’ai voulu apporter un éclairage global, complexe et scientifique sur un aliment qui suscite passions et controverses. En dédramatisant le sujet et en replaçant la viande au sein de sa culture et de son histoire. Je suis contrarié de voir qu’aujourd’hui l’alimentation est instrumentalisée, alors qu’elle est un fait important qui devrait nous réjouir plutôt que nous fâcher.

Depuis combien de temps la consommation de viande fait-elle l’objet de contestation ?

L’alimentation a toujours fait l’objet de polémiques. La pomme de terre et la tomate ont mis des années à s’implanter dans nos assiettes après leur arrivée d’Amérique ! On criait au feu ! [Il a fallu plusieurs siècles pour que ces deux aliments fassent partie du régime alimentaire de tous les Français, NdlR] Les débats sur la viande datent de plusieurs dizaines d’années. Les raisons sont diverses, le rapport à l’animal en est une. Il est semblable à nous, avec les muscles – à la différence des légumes – et devient donc plus proche de nous, en même temps qu’il devient plus lointain car il n’est plus élevé à nos côtés.

Sommes-nous fondamentalement des mangeurs de viande ?

L’homme est fondamentalement omnivore, c’est-à-dire mangeur de tout ! Ce qui inclut la possibilité de manger de la viande, mais bien d’autres choses. Des populations ont toujours été végétariennes, donc, on peut être plus ou moins carnivore. C’est ce que je défends dans le livre : l’omnivorisme plutôt que la viande. En manger moins, pourquoi pas. Ne plus en manger du tout, pourquoi pas. On peut être en bonne santé en mangeant de la viande comme en mauvaise santé en la supprimant complètement de son alimentation et vice-versa. Mais si on exclut la viande de son alimentation, il faut le faire pour de bonnes raisons, sans être télécommandé par personne. Car la viande est légitime.

Qu’est-ce qu’elle nous apporte ?

D’abord du plaisir, de la culture, de l’histoire, ce qui n’est pas négligeable. Ensuite, bien évidemment, des nutriments : protéines, fer, zinc, acides gras. Ce sont des éléments indispensables pour notre corps, mais qui ne sont pas propres à la viande. Donc, la viande est utile, mais pas indispensable.

Par quoi peut-on la remplacer ?

On peut aller chercher les nutriments ailleurs, des aliments ont les mêmes vertus, mais pas forcément toutes d’un coup. Poissons, œufs, produits laitiers, lentilles apportent quelques-uns de ces nutriments. Mais on trouve plus facilement le fer dans la viande.

On présente parfois la viande comme dangereuse. L’an dernier, une étude mettant en avant la corrélation entre cancer du colon et consommation de viande rouge était à la une des médias…

Il y a des gens qui mangent trop de viande : au-delà de 500 grammes par semaine de viande rouge (bœuf, porc, veau), crue ou cuite, c’est trop. Manger de la viande avec modération, en la modulant avec des légumes, en faisant attention au mode de cuisson, n’est pas dangereux pour la santé. Quant aux études, attention à bien les lire. Sur celle en question, il aurait fallu retranscrire dans les médias : la consommation excessive de viande rouge (supérieure à 100 grammes par jour en poids cuit) ou de charcuterie (supérieure à 50 g par jour) est associée à une petite augmentation (plus de 15 à 20 %) de risque du cancer du côlon.

Donc, la consommation idéale est de…

La recommandation officielle est de ne pas dépasser 500 grammes de viande rouge par semaine. Mais ça peut être moins. À titre personnel, j’en mange une à deux fois par semaine, parfois moins. Mon conseil est de deux fois par semaine. Mais je le répète, il faut raisonner globalement : la viande ne peut pas tout résumer.

Vous évoquez le rôle de la cuisson. Alors, exit le grillé et les bons barbecues d’été ?

Griller, poêler ou rôtir induit la formation d’amines hétérocycliques, ce sont des molécules cancérogènes. Manger du steak grillé deux fois par jour n’est pas bon. On peut encore poêler ou griller mais il ne faut pas que ce soit systématique. Il faut varier et privilégier le bouilli avec du bourguignon, du pot-au-feu, du petit salé, de la langue au court-bouillon, de la blanquette de veau… La cuisson au barbecue apporte encore d’autres molécules cancérogènes. Mais il ne faut pas s’interdire un barbecue une fois par mois l’été, accompagné de légumes. L’alimentation, ce sont aussi des moments de partage et de plaisir.

Vous consacrez un chapitre au bien-être de l’animal…

Il ne faut pas le négliger, on doit être respectueux. Les mauvais traitements sont des exceptions, la plupart des professionnels de l’élevage adorent leurs animaux. Mais manger de la viande est une chose ni choquante ni coupable ni criminelle, si l’on est attentif au bien-être de l’animal – en veillant à ce qu’il ne devienne pas plus important que le nôtre. Nous ne sommes pas un animal comme les autres, mais nous devons faire attention à la nature et notamment ses aspects environnementaux. À ce titre, produire de la viande avec des pâturages plutôt que dans une logique d’élevage intensif relève du bon sens.
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Source : ouest-france.fr, propos recueillis par Nicolas Montard, 22/09/2016

mercredi 21 septembre 2016

Viande in vitro, vade retro ?

Pour la PME israélienne SuperMeat, l’avenir est dans la viande produite à partir de cellules souches. Une piste séduisante mais qui soulève plusieurs questions éthiques.

«Qu’y a-t-il de mieux que d’avoir de la viande en tuant des animaux ? Avoir de la viande sans tuer d’animaux.» Tel est le truisme de SuperMeat, entreprise israélienne qui développe, au stade expérimental, la production de viande artificielle (ou in vitro) de poulet. Le 10 septembre, SuperMeat a recueilli 200 % des fonds espérés de sa campagne de financement participatif, soit plus de 200 000 dollars (180 000 euros) en deux mois. Preuve que le dilemme éthique se pose de plus en plus chez les amateurs de bonne chère. Depuis le 1er janvier, plus de 42,5 milliards d’animaux ont été tués pour leur viande dans le monde. La production de viande de laboratoire permettrait de réduire considérablement ce nombre, ce qui allégerait, en théorie, le poids de nos consciences. La production de viande in vitro remporte d’ailleurs les faveurs d’associations de défense des animaux, comme L214. En 2008, Peta (Pour une éthique dans le traitement des animaux) avait même promis 1 million de dollars aux scientifiques qui développeraient un procédé de production de viande de poulet artificielle d’ici à 2012. En juin, le think tank Sentience politics a publié un document intitulé «Viande in vitro : une alternative éthique à l’élevage industriel». «Cette approche aurait le potentiel d’allier toutes les exigences pour une production humaine de viande, durable et saine», affirment-ils.

Empreinte carbone. Loin d’être nouveau, le concept de viande artificielle est étudié depuis plusieurs années par les scientifiques. Un premier prototype avait été présenté à Londres en août 2013. «Le principe est simple, explique Yaakov Nahmias, professeur à l’université de Jérusalem, cofondateur et directeur de recherches de SuperMeat. On extrait des cellules souches de poulets pour les faire se développer en dehors de l’animal», dans une boîte de Petri. Ce dispositif serait très productif grâce à la multiplication des cellules, mais aussi «beaucoup plus efficace que d’élever l’animal entier, avec un gain considérable d’énergie», considère-t-il.

Face à l’explosion démographique et aux enjeux climatiques, ce procédé, appliqué à grande échelle, serait la solution au manque de ressources alimentaires, à la lourde empreinte carbone de l’élevage, responsable de 18 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et au respect de l’intégrité des animaux. Ainsi, la viande in vitro débarrasserait de tout ce qui fait que manger de la viande, c’est mal.

Mais pour Jocelyne Porcher, directrice de recherches à l’Inra et auteure de Vivre avec les animaux : une utopie pour le XXIe siècle, le développement de cette viande artificielle est carrément «immoral : une production de morts-vivants». Selon elle, ces travaux représentent le stade ultime de l’industrialisation de l’élevage entamée au XIXe siècle : «Les animaux sont un frein à la production parce qu’ils sont vivants, sensibles, affectifs, communicatifs, ils peuvent tomber malades, résister au travail, créer des attachements avec les travailleurs, explique la chercheuse. Mais pour qu’il y ait de la vie, il faut qu’il y ait de la mort. Avec la production de viande artificielle, on retire à l’animal sa subjectivité, ce processus nous dépossède de nos relations aux animaux.»

Paradoxe. Créer une nature artificielle pose ainsi des questions éthiques, à l’instar du clonage ou des OGM. «Rien à voir ! rétorque pourtant le professeur Nahmias. C’est comme comparer le fait de tuer un animal avec le fait de manger une pomme : dans le processus de clonage, l’animal souffre et meurt parfois.» Quant au rapprochement avec les OGM, le professeur explique que la production de viande in vitro ne touche pas à l’organisme des animaux, et que la cellule extraite n’est jamais modifiée.

Mais si on supprime l’élevage, que vont devenir les animaux ? «Est-ce qu’on va se contenter des cellules d’un seul cochon pour toute la planète ?» se demande Jocelyne Porcher. Une interrogation à laquelle le professeur Yaakov Nahmias apporte une tout autre réponse : «Il y en aura certainement moins, mais les animaux pourront regagner leurs territoires, on retrouvera des renards, des loups et des lapins dans les champs.» Optimiste, voire «irréaliste», pour Jocelyne Porcher.

D’autres scientifiques, comme Jean-François Hocquette, également directeur de recherches à l’Inra, pensent au contraire qu’en matière d’éthique, la viande artificielle peut présenter un avantage par rapport à la viande d’élevage classique, puisqu’elle épargne la vie des animaux. «L’éthique pousse toujours à faire des choix qui impliquent des conflits entre des valeurs différentes, par exemple, bien-être animale versus volonté de nourrir tous les hommes», écrit-il dans son article «La viande in vitro est-elle la solution pour le futur ?» publié en avril 2016 dans la revue Meat Science. Mais pour lui, le succès de la viande artificielle est peu probable. Ce serait une solution utopique et même paradoxale à l’ère du bio, avec des consommateurs toujours plus séduits par les produits naturels, pas vraiment prêts à manger une cuisse de poulet produite en laboratoire. D’autant que son coût est élevé : selon des estimations du In Vitro Meat Consortium, une tonne de viande artificielle pourrait avoisiner 3 000 à 3 500 euros, contre 1 880 euros pour une tonne de viande de poulet. La mise sur le marché à un prix acceptable n’interviendra pas avant les années 2020 ou 2030. Car si la culture de cellules souches «est maîtrisée depuis longtemps», plusieurs obstacles restent à lever. «Pour créer du muscle, on utilise des hormones de synthèse, des antibiotiques, un sérum de veau fœtal dont on ne sait en fait pas grand-chose», détaille Jean-François Hocquette.

Protéines végétales. Autre point dérangeant selon le chercheur, «le marché de la viande in vitro risque d’être récupéré par de grosses entreprises comme Monsanto. Ça pose un problème d’éthique vis-à-vis des agriculteurs». Jean-François Hocquette rappelle également, dans son article, que d’autres solutions peuvent répondre à la multiplication de bouches à nourrir, comme la réduction du gaspillage alimentaire (qui correspond à un tiers de la production alimentaire mondiale), ainsi que la consommation de protéines végétales. «Comme toute innovation, il est difficile de la faire accepter», justifie Yaakov Nahmias, qui maintient que la viande in vitro est éthique, tant pour les animaux que pour son impact global. SuperMeat a même pour ambition de permettre une industrialisation de ses produits à l’échelle locale. «La viande artificielle pourra être fabriquée sur place dans les restaurants, les supermarchés et même dans votre cuisine», s’enthousiasme le chercheur israélien. De la science-fiction ? L’objectif de SuperMeat est de commercialiser sa viande in vitro d’ici juillet 2021.
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Source : Eva Gomez et Natacha Zimmermann, liberation.fr, 20/09/2016

mardi 20 septembre 2016

Viande sans viande : le steak se réincarne

Souffrance animale, pollution… la bidoche a du plomb dans l’aile. Alors, finis les barbecues ? Pas forcément : pour les accros au goût carné, des substituts existent.

Sur le grill, un steak haché et un filet de poulet. On entend le crépitement caractéristique de la viande cuite au barbecue. Glissée entre deux buns, elle est tendre, grillée par endroits. En bouche, on retrouve le goût du bœuf, de la volaille. Et pourtant, ce n’en est pas. Froment, soja, pois… Il s’agit en fait de viande végétarienne, composée de «végétal compressé, parfois mélangé à du blanc d’œuf», explique Philippe Comte, cofondateur de la Boucherie végétarienne. Depuis juin 2015, sous cette enseigne en forme d’oxymore, il propose ces produits avec Isabelle Bensimon, dans le XIIe arrondissement de Paris. Ici, pas de carcasses, pas de poulets qui rôtissent. Deux vitrines de congélation, quelques tables et un comptoir où se préparent burgers et wraps végétariens ou végétaliens. C’est fou, mais on s’y trompe. Visuellement et gustativement. «On arrive à reproduire la texture, mais aussi le goût, détaille Tristan, chef de vente du magasin. Reproduire le goût de la viande, c’est surtout une question d’assaisonnement, on piège notre cerveau. Le sel, par exemple, est très important.» Les préparations qu’ils vendent et cuisinent sont préparées aux Pays-Bas, le royaume de la viande végétale. «Mais nous contrôlons toute la chaîne de production», souligne Philippe Comte. Au menu, des produits issus de l’agriculture biologique et responsable.

Sang à base de racines

Plus d’excuse, donc, pour préférer la vraie viande ? Selon les créateurs de la Boucherie végétarienne, il y aurait «au moins autant» d’apport en protéines dans ces produits que dans la viande animale. «Ce régime peut même convenir à un sportif», assurent-ils. Seul élément manquant, selon eux, la vitamine B12. Jean-François Hocquette, directeur de recherches à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), met toutefois en garde : «Ce qui change, c’est l’apport qualitatif.» Pourtant, Philippe Comte en est sûr, «ce que nous vendons, c’est mieux que de la viande». Quid du prix ? Les 200 grammes de fausse viande hachée coûtent 5,20 euros. Moins cher qu’un vrai steak chez le boucher, mais plus que dans un hyper.

Aux Etats-Unis aussi, on s’emballe pour la viande végétale. Bill Gates et Google se sont bousculés pour financer la start-up Impossible Foods, qui parvient, avec des racines, à produire du «sang» végétal. Résultat, depuis deux mois, les New-Yorkais peuvent goûter une viande de substitution bien saignante. En France, le marché, encore jeune, cible plutôt les personnes «en transition», explique Philippe Comte. «Ceux qui sont végétariens depuis longtemps se sont déshabitués du goût de la viande. Nous nous adressons à ceux qui tendent vers le végétarisme. Cela leur permet de garder leurs habitudes alimentaires.» S’il a ouvert sa boutique, c’est «pour faire découvrir ce produit». Car il faut le voir, et surtout y goûter, pour y croire. Apparemment, ça marche. «Nous avons atteint les 11 000 likes sur notre page Facebook et livrons dans toute la France», poursuit Philippe Comte. Depuis la rentrée, sa «boucherie» fournit aussi les écoles du XIIIe arrondissement qui proposeront des menus contenant de la viande végétale toutes les deux semaines. Et peut-être bientôt Disneyland, avec des hot-dogs végétariens.

Le bureau d’études de marché américain Market and markets lui donne raison en estimant que les ventes mondiales de substituts de viande augmenteront de 6,4 % par an entre 2015 et 2020. Mais «les gens ont beaucoup d’a priori», regrette toutefois Tristan. Séduire les 43,5 % de Français refusant de se passer du goût de la viande reste difficile.

Les Pays-Bas, eux, semblent très en avance. C’est dans ce pays, où 85 % de la population se déclare flexitarienne (réduire au maximum sa consommation de viande et fait attention à sa provenance), que l’enseigne The Vegetarian butcher a pris pied avec 535 points de vente. Depuis, ils servent leurs produits dans plus de 900 boutiques dans le monde, dont 153 en Belgique, 85 en Espagne… mais aucune en France. Un retard qui s’explique, selon Elodie Vieille-Blanchard, présidente de l’Association végétarienne de France, par le «faible pourcentage de végétariens» au pays du steak-frites. Ils sont 3 % selon un sondage pour Terra eco contre 9 % en Allemagne, ou plus de 10 % aux Etats-Unis. La consommation de viande a même augmenté de 1 % dans l’Hexagone en 2015.

Cellules souches

Les scientifiques tentent de trouver le substitut parfait. Partant du principe qu’il n’y aura bientôt plus de viande pour tous et qu’il va falloir consommer responsable, ils se sont penchés sur la production de viande in vitro (lire pages 4-5). La première pièce, créée par le Néerlandais Mark Post, avait été dégustée à Londres en août 2013. Si la prouesse avait été acclamée, le «Frankenburger» était loin de la perfection. «Il ressemblait à un steak haché, raconte Jean-François Hocquette, de l’Inra. Mais on était très loin d’un vrai morceau de bœuf.» Car la viande recréée n’en est pas vraiment une. «Ce sont des cellules musculaires que l’on entasse, alors que le muscle animal est construit, composé de cellules adipeuses, de vaisseaux sanguins, de nerfs.» Et les consommateurs des pays développés ne semblent pas prêts à mettre de la viande synthétique dans leur assiette. Dans une enquête de l’Inra, 50 à 60 % des personnes interrogées affirment qu’elles n’en consommeraient pas.

De toute façon, s’il y a du potentiel, la viande in vitro n’est pas encore au point. Subvenir aux besoins en protéines des 7,5 milliards d’hommes sur Terre reste un débat «complexe», et «créer de la viande artificielle ne va pas résoudre tous les problèmes», souligne Jean-François Hocquette. Alors pour tous ceux qui refusent les conditions d’élevage actuelles, il existe des solutions plus évidentes : consommer moins de viande, plus de protéines végétales, ou encore manger davantage de types d’animaux… comme les insectes.
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Source : Natacha Zimmermann, liberation.fr, 20/09/2016

vendredi 16 septembre 2016

Flying Spark se lance dans le commerce de nourriture à base de poudre de larves de drosophiles

La start-up israélienne Flying Spark se lance dans le commerce de nourriture à base de poudre de larves de drosophiles (mouche). Leur objectif est de nourrir 9 milliards de personnes d’ici 2040. La start-up désire vendre sa poudre alimentaire à base d'insectes aux industriels pour les incorporer dans des produits comme le pain, voire même à la place de poisson ou de viande. Le principal problème de la nourriture à base d’insectes est évidemment l’image que la population peut en avoir. Un challenge à relever pour Flying Spark.
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Source : Dimitri Henault, strategies.com, 16/09/2016
http://www.theflyingspark.com

jeudi 15 septembre 2016

La viande artificielle : fausse bonne idée ou solution miracle?

Depuis quelques années, la rumeur court : la planète ne pourra bientôt plus nourrir les milliards d’êtres humains qui la peuplent et qui consomment, en moyenne, 50 kg de viande par an. Les experts ne sont, évidemment, pas d’accord sur le sujet : certains crient au scandale en expliquant que des pseudo-études sont financées par l’industrie de l’agro-alimentaire pour ainsi pousser ses produits dignes de films de science fiction, tandis que d’autres prouvent par A+B que le futur sera végétarien ou ne sera pas,  alors que d’autres encore expliquent qu’avec une meilleure gestion des ressources naturelles, la terre est bien capable de subvenir à nos besoins.

Le concept d’une planète stérile et donc inapte à produire la nourriture nécessaire n’est pas si nouveau puisqu’en 1973, le film “Le Soleil Vert” décrit déjà un futur (2022, pas si loin que cela tout de même) où les cadavres humains sont recyclés en nourriture (la version officielle du gouvernement est que ces produits sont fabriqués à partir d’algues). La société qui fabrique ces produits « soleil vert » s’appelle dans le film….Soylent…tiens donc, le même nom que la société californienne qui a déjà sorti une boisson et des snacks synthétiques (à base d’algues cultivées, comme le mensonge du film, dont acte !) sensée nous apporter tous les nutriments dont nous avons besoin.

Ayant goûté à la chose et étant une épicurienne invétérée, je peux vous assurer que cette approche ne m’a pas convaincue : goût moyen, texture banale, zéro satisfaction en terme d’appétit car pas de masticage donc faim après 2 heures. Côté nutritionnel, apparemment tout y était, sauf le plaisir de manger et de se titiller les papilles bien évidemment.

Difficile d’accéder à la viande issue de culture cellulaire

Une étape plus loin et c’est la viande artificielle. Le concept même peut paraitre intéressant car après tout, nous bénéficions de la technologie pour cloner des cellules de muscles de boeuf. Et si grâce à notre savoir nous pouvons répliquer un goût, une texture et sauver la planète, qui pourrait s’y opposer? Surtout pas la société Memphis Meat®, basée dans la Silicon Valley comme son nom ne l’indique pas, et qui s’est lancée dans la fabrication de viande à base de cellules multipliées in-vitro. Je les ai contactés pour pouvoir goûter à leurs créations mais sans succès. Malgré mon insistance, ils ne m’ont pas autorisée à visiter leur laboratoire ou à goûter leur viande.

Alors, c’est quoi cette viande artificielle et comment la fabrique-t-on ? La viande in-vitro se fabrique comme les tissus que les laboratoires régénèrent pour les grands brûlés : on prend des cellules du morceau de viande qui nous intéresse et on les fait se reproduire. C’est ce que l’on appelle la culture cellulaire. Vous me direz que le concept n’est pas bien nouveau puisqu’en 1931, Winston Churchill suggérait déjà de fabriquer juste les parties (ailes et cuisses) qui nous intéressaient plutôt que de fournir l’effort de faire grandir tout un poulet pour n’en consommer au final que 50%. Pour le moment, les coûts de fabrication sont très élevés et le processus plutôt long. Le premier hamburger de viande synthétique a été fabriqué par Dr. Post de l’Université de Maastricht et dévoilé en fanfare en 2013 à Londres. Depuis, plusieurs sociétés se sont engouffrées dans le créneau et travaillent aussi sur des versions végétaliennes du burger.

A première vue, le côté nutritionnel reste le même : protéines, graisses, et nutriments divers et variés peuvent être dosés au micron près. Cela ne devrait donc pas poser de problème ni en terme de santé public ni en terme d’acceptation, en tout cas pas pour les générations futures qui auront été nourris avec cette viande in vitro depuis leur plus jeune âge. En terme de goût et de texture, ayant essuyé refus sur refus quant à mes demandes de dégustation, je ne peux me prononcer.

Vers la fin de la souffrance animale ?

Les voix qui risquent de s’élever contre ce produit du futur, sont celles de notre génération, pour qui un steak doit venir du bœuf qui broute sur ses quatre jambes dans un pré, qui gambade, donc se muscle, etc…

Cette approche conviendra aussi à tous les végétaliens qui décident consciemment de ne pas manger de viande pour ne pas avoir à tuer un être vivant. La viande in-vitro devient donc la solution idéale à un problème éthique majeur. Plus de traitement inhumain d’animaux comme nous avons pu le voir dans des documentaires comme Food Inc®. Grâce à la viande synthétique, la souffrance animale ne serait plus qu’un lointain souvenir lorsque ce produit se sera développé de manière massive.

Viande artificielle : des questions à se poser 

D’autres questions, d’ordre religieux, vont se poser : un morceau de veau produit artificiellement reste-t-il du “vrai” veau ? Peut-il être consommé avec un produit laitier et rester casher ? Du “faux” porc est-il hallal ? Etc.

Du côté de la pollution, la viande synthétique gagne haut la main. Chaque kilo de viande de bœuf classique coûtant 15,500 litres d’eau, 330 mètres carrés de terrain, 6kg de grains et 16 kg de dioxyde de carbone, l’industrie “viande artificielle” devrait générer moins de produits polluants (même si à ce jour, il est impossible d’obtenir une information claire sur la pollution de cette filière du future).

Pour autant, aucune étude n’a été menée sur l’impact que la consommation de viande artificielle pourrait avoir sur notre santé. Même si les créateurs de ce produit nous assènent un message de sérieux : “c’est exactement la même viande, donc vous ne courrez aucun risque, etc…”, il est préférable de se poser des questions avant plutôt qu’après (évitons un scandale du type “aspartame”).

Un autre argument avancé par les fabricants est le coût de la viande synthétique, prohibitif à ce jour mais qui, avec les économies d’échelle et l’amélioration des processus, devrait devenir bon marché et permettre à quiconque d’en consommer.

En revanche, la présenter comme une solution à la famine dans le monde est un raccourci que je ne prendrai pas. En effet, il y a à ce jour 1 milliard d’êtres humains sous-nourris, et nous gaspillons en moyenne, 30% de la production alimentaire mondiale, largement de quoi nourrir les affamés. Il suffirait d’une meilleure gestion de ces ressources pour résoudre le problème. Et rien n’indique que nous saurons mieux gérer les stocks de viandes in-vitro que les stocks de pommes de terre qui pourrissent actuellement sur les docks de Dakar ou de Dar Es Salaam.
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Source : Valérie Orsoni, economiematin.fr, 15/09/2016

lundi 12 septembre 2016

SuperMeat : produire de la viande sans tuer d’animal, la révolution polémique

La start-up SuperMeat a pour objectif de vendre du blanc de poulet issu de culture cellulaire. Tout cela est-il bien raisonnable ?

Après le steak imprimé en 3D, c’est au tour du poulet. La start-up SuperMeat a l’intention de commercialiser d’ici cinq ans de la viande de gallinacé cultivée en laboratoire. L’entreprise israélienne vient de clore une campagne de crowdfunding durant laquelle elle a récolté près de 200 000 dollars – elle prévoit une levée de fonds totale qui devrait atteindre deux millions de dollars.

Il faut croire que l’idée séduit  : même l’association de défense des animaux L214 a relayé l’appel aux dons sur sa page Facebook (partagé plus de 11 000 fois). Une vidéo virale qui ressemble à un fake, mais non, ce n’est pas une blague.

Difficile, pour ne pas dire impossible, de ne pas penser à une célèbre scène de « L’Aile ou la cuisse », film de Claude Zidi en 1976 où un poulet était déjà imprimé en 3D.

Le professeur Yaakov Nahmias, cofondateur et directeur de la recherche à SuperMeat, n’a pas le CV d’un plaisantin : directeur du Grass Center for Bioengineering de l’Université hébraïque de Jérusalem, membre affilié du Broad Institute de Harvard et du MIT :
«  Ce n’est pas du clonage, c’est très différent.  »
Le processus n’est pas aussi caricatural que dans « L’Aile ou la cuisse », même si l’idée est là, et il ne s’agit pas d’impression 3D à proprement parler  : des cellules sont prélevées sur un poulet par biopsie, puis cultivées en laboratoire dans des boites de Petri qui reproduisent la physionomie de l’animal. En l’occurrence, il s’agit de poitrine de poulet.
«  Les cellules se reproduisent naturellement. Elles se nourrissent d’acides aminés d’origine végétale et de glucose – le même type de sucre que l’on retrouve dans le plasma.  »
Du blanc de poulet sans tuer de poulet

Hormis les cellules d’origines, SuperMeat assure n’utiliser aucune substance animale, contrairement au steak 3D néerlandais qui avait besoin de sérum fœtal de veau.
«  Nous essayons ensuite de mimer un muscle embryonnaire, car un bébé n’a pas besoin de faire des exercices pour développer sa masse musculaire. Nous ne prenons pas les cellules sur des poussins, mais bien sur des poulets adultes.  »
Comment obtenir un comportement embryonnaire avec des cellules adultes  ? Secret industriel.

Le résultat donne un blanc de poulet identique à celui que nous connaissons actuellement – à la différence près qu’il n’a pas été nécessaire de tuer l’animal. Enfin… donnerait, car aucune dégustation n’a encore eu lieu. La première serait possible dans moins de deux ans, selon l’équipe qui porte le projet SuperMeat.

Le professeur Nahmias assure qu’il n’y aura pas d’hormones de croissance ni de colorants  : «  La viande de poulet est blanche, donc pas besoin de la colorer.  » Pas besoin non plus d’antibiotiques «  puisque les cellules sont cultivées dans un environnement stérilisé  ». Quant aux arômes de synthèse, «  il n’y a pas de raison d’en utiliser pour le moment ».

SuperMeat revendique également le fait de n’avoir besoin que de très peu de ressources par rapport à ce que l’élevage traditionnel nécessite.

Une viande brevetée à la mode OGM ?

C’est justement ce qui agace profondément le Dr Laurent Chevallier, auteur de « Alors on mange quoi  ? » (Fayard, 2016)  :
«  Ce qui est inquiétant, c’est que tout est prêt et personne ne réagit. C’est une fausse bonne idée. Actuellement il y a une grosse offensive dans ce domaine-là. Il y a un aspect “on maîtrise la culture, on n’a plus besoin d’eau, on ne pollue pas”. Mais c’est une déviance pour casser l’agriculture. C’est la fin des agriculteurs. On va avoir des techniques très onéreuses, et c’est sûr qu’à moyen terme, on va y arriver.  »
Il redoute que les brevets appartiennent à de grandes firmes et que le schéma des OGM (organismes génétiquement modifiés), où les agriculteurs sont pris à la gorge par des entreprises de l’agroalimentaire, se reproduise  : «  Il n’y aura plus besoin de négocier avec les producteurs.  »

Le professeur Nahmias regrette la comparaison  : «  Nous ne faisons pas d’OGM. Et nous pouvons créer des usines locales  : du poulet de Champagne, par exemple. Le goût pourrait dépendre du type de nutriments locaux utilisés pour nourrir les cellules.  »

La notion de terroir résistera-t-elle à cette technologie  ? Il est peut-être trop tôt pour le dire.

Sujet à débat

Le Dr Chevallier ne remet pas en cause le produit sur le plan nutritionnel – «  c’est la même chose  » –, mais il s’inquiète des habitudes de consommation que SuperMeat implique  :
«  Sur la viande, il y a des produits utiles pour le tube digestif. Si vous ne mangez que de la nourriture stérilisée, ça peut déséquilibrer la flore intestinale. Le système immunitaire va fonctionner à vide, et il y a un risque probable de maladies auto-immunes.  »
Autrement dit  : nos anticorps aiment la bagarre, mais quand il n’y a plus de bactéries auxquelles chercher des noises, des auto-anticorps apparaissent et ceux-là finissent par taper sur les murs.

Il expose ici un aspect de la théorie hygiéniste (à ne pas confondre avec l’hygiénisme) selon laquelle une trop faible exposition à des agents infectieux pourrait être à l’origine de l’augmentation des maladies auto-immunes.

Une théorie encore sujette à débat compte tenu des difficultés méthodologiques  ; les modes de détection ayant beaucoup évolué, la comparaison de données sur une longue période n’a pas de sens.

Risques sanitaires ou pas ?

Le professeur Nahmias ne soutient absolument pas cette thèse :
« Quand vous achetez de la viande, il n’est pas censé y avoir des bactéries dessus. L’Escherichia coli pose de graves problèmes  ! »
Réponse du Dr Chevallier  :
«  Il ne faut pas être dépassé par les bactéries, il ne faut pas trouver un staphylocoque doré. Mais l’aliment, ce n’est pas qu’une somme de protéines  !  »
Le Dr Michel Lallement, auteur de « Les clés de l’alimentation santé » et « Les 3 clés de la santé » (Mosaïque Santé et Pocket, 2014), ne voit pas non plus de différence sur le plan nutritionnel :
« Parmi les raisons pour lesquelles la viande devient toxique, citons l’utilisation de farines d’élevage ou d’antibiotiques ; de ces points de vue-là, il y aurait donc même moins de risques. »
Toutefois, il souligne une autre problématique :
« La viande de manière générale n’est pas un aliment indispensable à la santé. Au contraire, il est désormais bien établi que plus on en consomme, plus les risques de maladies cardio-vasculaires ou de cancers augmentent, même avec les viandes blanches. De fait, les végétariens vivent plus vieux que les carnivores ! »
Répondre à la demande

Il s’appuie notamment sur une étude d’août 2016 selon laquelle la substitution de protéines d’origines animales, même de volailles, par des protéines végétales permettrait de réduire le risque de maladies cardio-vasculaires.

Le Dr Nahmias souhaite néanmoins dissocier les viandes blanches des viandes rouges  : «  Il y a très peu de gras et de composants sanguins, éléments responsables de problèmes de santé, dans la viande de poulet. Consommer trop de quoi que ce soit est mauvais. Mais c’est une vision très occidentale.  »

Selon lui, il faut bien répondre à la demande, notamment dans des régions du monde où la viande manque, et certaines habitudes alimentaires ne sont pas près de changer. Cette technologie aurait l’avantage de préserver nos gastronomies  :

«  Pouvez-vous imaginer la France sans le foie gras, la Turquie sans le kebab, Israël sans le schnitzel  ? Je veux que mes enfants puissent profiter de ces cultures.  »

Un végan applaudit

Justement, après la poitrine de poulet, le SuperMeat souhaite s’attaquer au foie gras. Aliment honni des végétariens s’il en est, puisque produit par gavage d’oies ou de canards.

«  Si ça marche, c’est révolutionnaire  », s’enthousiasme le philosophe Martin Gibert, auteur de « Voir son steak comme un animal mort » (Lux, 2015), coordinateur de cours à Sciences Po Paris, et surtout végan parmi les végans.

À la différence du végétarisme, ou du végétalisme, le véganisme est une posture morale qui consiste à ne consommer aucun produit issu de l’exploitation animale, y compris dans le secteur des vêtements ou des divertissements.
«  SuperMeat permet de résoudre le paradoxe de la viande  : la plupart des gens aiment les animaux, mais ils aiment aussi leur steak. Cela crée une dissonance cognitive, on a deux pensées en contradiction.  »
Avec la viande de laboratoire, il n’y a plus de passage par la case abattoir, et «  l’exploitation  » animale serait réduite au prélèvement initial de cellules par biopsie inoffensive. Reste qu’on n’a pas demandé son consentement à la poule. «  Il y a un mini coût moral.  »

Débat philosophique

L’inconvénient, soulève-t-il, est que nous restons dans un certain «  spécisme  ». C’est-à-dire que nous continuons à penser qu’il y a un animal supérieur, l’humain, dont on ne consomme pas la viande.

Le philosophe ne s’opposerait d’ailleurs pas à ce qu’on lui prélève des cellules pour créer «  de la viande Martin Gibert, si le critère de base c’est éviter des souffrances inutiles  ». Sauf que le cannibalisme est très dangereux pour la santé  ; il provoque une maladie similaire à celle de la vache folle. C’est donc hors de question pour le professeur Nahmias.

En tout cas SuperMeat est «  super vegan  », selon Martin Gibert. Et, pour reprendre le titre de son livre, on ne peut plus parler d’animal mort dans notre assiette  : «  Pour parler d’animal, il faut une conscience et une sentience [capacité à ressentir, notamment la souffrance, ndlr]. Or, on n’a plus ici que de la matière organique.  »

Une position que tous les végans ne partagent pas. Certains sont opposés à la consommation de viande quelle qu’elle soit parce qu’ils considèrent que cela revient à manger une chose qui ressemble à de la chair humaine, ou parce qu’ils estiment cela mauvais pour la santé.

D’autres voies pour la viande de synthèse

SuperMeat est le premier à se lancer dans la production de volaille par culture cellulaire, mais nombreux sont ceux qui planchent déjà sur la viande de bœuf. D’autres, comme Beyond Meat ou Patrick O. Brown à Stanford s’immiscent dans une autre voie  : recréer la structure moléculaire de la viande à partir de végétaux.

L’enjeu est colossal, car il est sûr que nous ne pourrons pas continuer à produire comme aujourd’hui. Depuis le 8 août, l’humanité vit à crédit. Une date qui arrive de plus en plus tôt d’année en année. Reste à savoir quelle solution nous adopterons. Le débat est à peine ouvert.
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Source : Rémy Demichelis, rue89.nouvelobs.com, 11/09/2016

vendredi 2 septembre 2016

Invention d'un substitut de crevette

Deux diplômées américaines ont concocté un mélange d'algues, de protéines végétales et de glucides ressemblant à s'y méprendre à la crevette

La crevette est le fruit de mer préféré des américains, avec une consommation d'environ deux kilos par an et par personne. Toutefois, qu'elles soient sauvages ou d'élevage, la consommation de ces crustacés pose plusieurs problèmes environnementaux et éthiques, notamment l'épuisement de la vie sous-marine, l'exploitation des travailleurs et le trafic illégal. En d'autres termes, la crevette est loin d'être un aliment tourné vers le développement durable, et sa consommation importante entraîne de nombreuses dérives.

Une diplômée de l'Université américaine Carnegie Mellon, Michelle Wolf, a trouvé un moyen de lutter contre ce problème en créant un substitut à la crevette à base d'algue rouge, de protéines végétales et de glucides. Le nouveau produit a été produit sous l'égide de New Wave Foods - une entreprise fondée en 2015 par Michelle Wolf, diplômée en sciences des matériaux et  ingénierie et titulaire d'un master en ingénierie biomédicale, et Dominique Barnes, titulaire d'un master en biodiversité marine de l'Institut d'Océanographie Scripps.

La "crevette" créée en laboratoire par l'entreprise ressemble à une vraie crevette tant au niveau de l'aspect (rose), du goût que de la texture à la fois croquante et moelleuse, constatent les testeurs et les premiers clients lors d'une dégustation dans un centre commercial local. Pour obtenir cette ressemblance, l'équipe a étudié la structure moléculaire de la crevette afin de déterminer tout ce qui compose les tissus de l'animal. C'est ainsi que les chercheurs ont découvert que le mélange de protéines végétales, ainsi que les algues que mange la crevette qui contribuent à lui donner sa couleur et sa saveur, se traduit par des caractéristiques et une valeur nutritionnelle similaires au substitut.

Le fait que le produit de New Wave ait le même taux de protéines et aussi peu de matières grasses que la crevette le distingue des autres substituts, selon Barnes. De plus, Wolf cherchait à créer bien plus que des "faux fruits de mer", comme ces imitations de crabe que l'on peut trouver sur le marché.

L'équipe de New Wave est en train de produire une commande du nouveau produit de près de 100 kilos pour Google, qui essaie de réduire la quantité de crevettes dans ses cafétérias, a déclaré Ariel Schwartz, le rédacteur-adjoint pour l'innovation de la publication virtuelle Tech Insider. Le duo continue ses recherches pour développer des crevettes artificielles parfaites et lorsqu'elles auront atteint cet objectif, elles seront proposées sur le marché d'ici six mois à un prix compétitif par rapport aux vraies crevettes et aux autres substituts vegan.


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Source : Monica Simeonova, Eatglobe, 2 septembre 2016. D'après Carnegie Mellon University

lundi 22 août 2016

Les insectes sont le futur de l'alimentation humaine

Près de 10 milliards de personnes devraient peupler la Terre en 2050. Comment nourrir tant individus? Comment assurer en quantité et en qualité l’alimentation d’une population mondiale toujours plus dense? L’évolution de la démographie pose notamment la question de la disponibilité en protéines pour l’alimentation humaine et animale.

Pour l’homme, outre les sources animales (viandes, œufs, poissons) et végétales (légumes secs, céréales) classiquement consommées dans les pays occidentaux, des sources nouvelles comme les algues ou les insectes pourraient représenter des contributeurs intéressants aux apports protéiques des populations. Alors qu’environ 2 milliards d’humains consomment régulièrement des insectes à travers le monde, l’acceptation de ce type d’alimentation pose encore de nombreuses questions dans bien des pays. Pourtant, dans une logique de durabilité des systèmes alimentaires, la production de protéines d’insectes est plus efficiente que la plupart des autres sources animales.

Avec 10 tonnes d’aliments, on peut en effet produire 9 tonnes d’insectes. Cette efficacité n’est que de 1 à 5 tonnes produites pour les bovins, les porcins ou la volaille. La consommation de ressources en eau est également moindre. Les insectes pourraient donc représenter une source alimentaire complémentaire aux aliments actuels.

Plus de 2.000 espèces consommées

Les espèces d’insectes consommées dans le monde sont très nombreuses, plus de 2.000. On les apprécie particulièrement dans les régions chaudes, avec plus de 560 espèces consommées en Asie tropicale, plus de 450 espèces au sud du Sahara et même plus de 700 en Amérique tropicale.

Cependant, les espèces les plus prometteuses pour des élevages restent la mouche soldat, le ver de farine, les grillons et criquets. S’il voit le jour, le développement de cette consommation dans les pays occidentaux devra passer par la mise en place d’unités de production, alors que la consommation traditionnelle reste basée sur une forme de cueillette dans la nature.

Bien qu’interdite, la consommation d’insectes est proposée en France par différents canaux. Des chocolatiers mettent un grillon sur des chocolats, certains restaurants les proposent à leur carte. Toutefois, la réglementation en vigueur sur ce qu’on appelle les novel food nécessite à ce jour des dossiers qui devront être évalués par les autorités sanitaires européennes compétentes. Mais certains États de l’Union européenne, comme la Belgique, autorisent déjà la consommation d’une dizaine d’insectes sous leur forme entière, et non sous forme d’ingrédients.

Nourrir le bétail

La consommation d’insectes pourrait donc, sous réserve des nombreux verrous réglementaires, contribuer aux apports protéiques d’une plus grande fraction de la population mondiale. Sous forme de farine, cela pourrait constituer un ingrédient pour des préparations culinaires diverses et variées, adaptées à des populations spécifiques. Si les avantages sont sans doute environnementaux, les difficultés sont d’abord d’ordre réglementaire.

La gestion de contaminations éventuelle des élevages ou la mise à mort des individus dans le respect du bien-être animal restent par exemple des questions à traiter. Sur un plan sanitaire, le risque allergique est encore mal documenté, alors que les allergies aux crustacés, de lointains cousins des insectes, sont bien décrites. Mais la consommation d’insectes pourrait également être indirecte, c’est-à-dire que des animaux d’élevage comme les volailles et les poissons pourraient être nourris pour partie avec des farines d’insectes.

Un phénomène encore marginal

La consommation d’insectes est traditionnelle dans de nombreux pays dans le monde. La Bible rapporte ainsi la consommation d’orthoptères, insectes aux pattes arrière adaptées au saut. Des chenilles de papillons frites sont consommées en Afrique, des punaises sont consommées de la Chine au Mexique, etc…

Néanmoins, au-delà du rouge de cochenille des fraises «Tagada», la consommation d’insectes dans les pays occidentaux reste aujourd’hui un épiphénomène. Des études récentes montrent une acceptabilité limitée dans les pays européens. La formulation d’aliments intégrant des poudres d’insectes semble plus acceptable que la consommation d’insectes entiers.

Si l’entomophagie reste une pratique classique à travers le monde, sa déclinaison dans les pays occidentaux reste pour l’instant marginale. Des levées de verrous réglementaires et de la pédagogie permettront peut-être de développer ces consommations au sein d’une offre alimentaire encore plus large.
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Source : Jean-Michel Chardigny (Directeur de recherches au département alimentation humaine, INRA), slateafrique.com, 22/08/2016. La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

mercredi 17 août 2016

Une plateforme pour donner le goût des légumes secs

C'est une surface au milieu d'un champ de maïs, au lieu-dit le Gal. Les légumes qui y poussent ne sont pas légion dans le coin : des pois chiches et des lentilles. «La filière légumineuse est en train de prendre de plus en plus d'ampleur, le marché est en forte progression. L'intérêt de cette plateforme c'est de donner envie aux agriculteurs de se lancer et de leur montrer les techniques pour y arriver», explique Christophe Candel responsable technique grandes cultures chez Qualisol. «70 % des besoins en légumes secs restent importés», regrette-t-il. L'objectif : aller vers les protéines végétales plutôt qu'animales. Se démarquer aussi des grandes cultures de blé et de tournesol. En mars dernier, la coopérative agricole a semé deux types de pois chiches (Kabuli et Desi) et des lentilles blondes et vertes sur cette surface test.

S'adapter au climat du Tarn-et-Garonne

Plusieurs enjeux : d'abord, donner aux agriculteurs les bons réflexes. «On a fait des essais, en semant à plusieurs vitesses pour montrer aux agriculteurs que plus on sème lentement moins on perd de graines», précise Christophe Candel. Ensuite, trouver les solutions pour que ces espèces «plutôt méditerranéennes», des variétés habituées aux zones plus arides du sud-est, s'acclimatent au Tarn-et-Garonne. Puis, mettre en place des techniques pour avoir une meilleure récolte comme celle des épis de blé qui servent de tuteur aux lentilles. Enfin, et pas des moindres, diminuer l'utilisation des produits phytosanitaires en ayant recours au désherbage mécanique avec une bineuse. Tout ça pour aller vers l'économie la plus viable possible.

Une production rentable ?

Jean-Luc Crubile est producteur de graines de semence, maïs, tournesol et colza à Angeville. Il y a un an, dans le cadre de l'action menée par Quali sol, il s'est lancé dans une culture conventionnelle de pois chiches, sur 6 hectares. Ce week-end, il fera sa première récolte. «Je me suis dit pourquoi pas essayer de produire ce que l'on consomme plutôt que d'importer. Les débouchés sont là mais le problème c'est que cette culture est tout juste intéressante financièrement. D'après mes estimations je vais produire entre 10 et 12 quintaux de pois chiche cette année. Pour que mon activité soit rentable il faudrait que j'en produise au moins 20 quintaux. Il faut dire que je débute juste et que le printemps n'a pas joué en notre faveur, il a été très humide et ces cultures n'aiment pas les excès d'eau. De plus, il n'y a pas trop d'équipement technique pour la culture des légumineuses, ça complique la tâche. Je suis un peu sceptique mais il ne faut pas enterrer la production avant qu'elle ne naisse.
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Source : Manon Adoue, ladepeche.fr, 17/08/2016

jeudi 11 août 2016

D’après une nouvelle étude américaine, la consommation de protéines végétales est liée à une forte diminution de la mortalité

D’après une nouvelle grande étude américaine publiée dans le JAMA, la consommation de protéines végétales est liée à une forte diminution de la mortalité. Tandis que les protéines animales sont associées à une mortalité plus élevée, surtout chez les personnes ayant un facteur de risque cardiovasculaire. 

De très nombreuses études ont lié consommation de viande, rouge notamment, avec la mortalité,  indépendamment d’autres facteurs de risques (tabagisme, alcool, surpoids, inactivité...). Mais cette étude publiée dans le JAMA est l'une des premières études d'envergure à analyser l'effet spécifique des protéines animales chez les personnes présentant un facteur de risque (1). Et c'est également l'une des premières à analyser l'effet de la substitution des protéines animales par des protéines végétales. 

L'équipe de chercheurs qui l'a menée a combiné les données de deux (très) grandes études d’observations américaines : la Nurses’s Health Study (de 1980 à 2012) et la Health Professionals Follow-up Study (de 1986 à 2012). 
Au total ce sont plus de 130 000 Américains qui ont renseigné leurs habitudes alimentaires pendant 25 à 30 ans.

Résultats : après ajustement sur les facteurs de risques principaux, l’apport total en protéines animales était faiblement lié à la mortalité totale, mais il était plus nettement associé à la mortalité cardiovasculaire. Ce lien était surtout observé chez les personnes possédant au moins un facteur de risque cardiovasculaire : tabagisme, inactivité, surpoids ou encore alcoolisme. 
Pour chaque augmentation de 10% du pourcentage de l’énergie apportée par les protéines animales, le risque augmentait de 8% (dans cette étude, en moyenne, 13% de l’énergie était apportée par les protéines animales). Tandis que les apports en protéines végétales était lié à une mortalité plus basse : -10% de risque pour chaque augmentation de 3% de l’énergie apportée par les protéines végétales. Les auteurs justifient que les protéines végétales auraient de très nombreux bénéfices sur la santé.

Les chercheurs ont réalisé des simulations et ont découvert que remplacer seulement 3% de l’apport en énergie provenant des protéines de charcuterie par des protéines végétales diminuerait le risque de décès de 34% !  De même, remplacer 15 g de protéines d’œufs (2 œufs) par des protéines végétales diminuait le risque de 19%, contre 12% en remplaçant 15 g de viande rouge (80 g d’entrecôte) par des protéines végétales.

Que penser de ces résultats ?

Il s'agit d'une étude d’observation, on ne peut donc pas en déduire un lien de cause à effet. Cependant, cette étude possède l’avantage d’avoir suivi un très grand nombre de participants (130 000) pendant une longue période (25 ans) en plus d'avoir envoyé régulièrement des questionnaires alimentaires, cela limite donc le risque de biais mais diminue également la force des résultats. Les effets “réels” peuvent donc être plus forts en réalité.

Qu’en disent les autres études d’observation ? La plupart ont étudié le lien entre apports en viande et mortalité : certaines études d’observation n’ont pas trouvé de lien entre apports en viande et mortalité (2,3,4) tandis que d’autres ont observé un lien (5). De nombreuses études ont également rapporté un lien entre végétarisme et longévité (6,7) mais pas toutes (8). Les données semblent montrer que des apports faibles (<50 g par jour) en viande ne sont pas nocifs, mais que la consommation de charcuterie, de viande grasse ou de grandes quantité de protéines l'est. Il y a également certains chercheurs qui pensent que cela serait surtout le gras animal qui serait nocif, car chargé en polluants qui s'accumulent dans la chaîne alimentaire. Suivant le type de viande (dinde/bœuf) et le type de morceau (entrecôte/bavette), les teneurs en graisses sont différentes et les effets sur la santé le sont probablement également. Seul problème, la plupart des études, surtout les grandes études, ne vont pas dans ce niveau de détail. La volaille, la viande rouge, et les œufs, sont souvent mis dans le même panier. Les quelques études ayant étudié le type de viande et la mortalité rapporte un effet néfaste de la viande rouge et un effet protecteur ou neutre de la volaille.

Qu’en disent les études d’intervention ? Elles ont montré  dans leur majorité que remplacer les graisses saturées, souvent d’origine animale, par les graisses végétales diminue la mortalité cardiovasculaire (9, 10, 11) mais aussi le risque de cancer (12, 13, 14).

Restriction en protéines et longévité

La restriction calorique augmenterait la longévité. Selon certains chercheurs, cet effet protecteur ne serait pas dû à la restriction calorique en tant que telle mais à la restriction en protéines. En effet, de nombreuses études, réalisées tant chez l’animal que chez l’homme, rapportent que la consommation de protéines, surtout animales, diminuerait la longévité, sauf après 65 ans où l’on observe un effet protecteur des protéines animales (15). Selon les chercheurs, cet effet serait causé par deux acides aminés : la méthionine et le tryptophane, très présents dans les produits animaux, qui sur le long terme stimuleraient la synthèse de l’hormone de croissance, qui elle-même accélérerait le vieillissement et la croissance des tissus, et donc du tissu musculaire mais également du tissu adipeux et des tumeurs.

Une nouvelle étude d'observation à grande échelle et à long terme semble confirmer cette hypothèse (16). En analysant l'évolution de l'obésité dans plus de 170 pays, en plus de l'augmentation de l'inactivité, de l'urbanisation et des apports énergétiques, elle a montré que les apports en protéines animales et en sucres expliqueraient à eux seuls 26% de l'évolution du poids. Selon ces chercheurs, les apports en glucides et lipides sont adéquats mais que ce sont les protéines animales, digérées et métabolisées après les glucides et les lipides, qui sont transformées en graisse par le corps et aboutissent à la prise de poids.
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Source : Pierre Lombard, lanutrition.fr, 11/08/2016

vendredi 29 juillet 2016

Selon Google, l’alimentation végétale est le futur de nos sociétés

Une révolution alimentaire est-elle à venir dans les prochaines années ? C’est en tout cas ce que prédit Eric Schmidt, le président exécutif d’Alphabet, la maison mère de Google. Durant une conférence mondiale de l’Institut Milken, il s’est adressé à des milliers d’investisseurs et dirigeants d’entreprises pour leur présenter les six majeures tendances technologiques du futur qui amélioreront notre société (voir l’article de Fortune à ce sujet). Et surprise : outre la réalité virtuelle, les voitures autonomes ou l’impression 3D pour la construction, il a placé en première position l’alimentation végétale comme moyen de combattre le changement climatique en même temps que les problèmes de sécurité alimentaire. Celui qui a consacré sa carrière à l’identification des tendances technologiques mondiales a également mentionné le potentiel de l’alimentation synthétique à partir de végétaux, réalisée à l’aide d’ordinateurs et du traitement des données, tout comme la possibilité de définir technologiquement les meilleures combinaisons de plantes d’un point de vue nutritionnel. On ne doute pas qu’Alphabet, déjà positionné sur le secteur de la santé avec sa filiale Verily ou le projet Calico qui a pour objectif fou de prolonger l’espérance de vie des humains, se positionne sur le marché de l’alimentation végétale d’une manière ou d’une autre dans les prochaines années. En tout cas, ce secteur innovant attire d’ores et déjà des investisseurs de taille à l’image de la start-up Beyond Meat, pour qui la viande du futur est végétale et qui a reçu le soutien financier de nombreux géants d’internet tels que les fondateurs de Twitter ou encore Bill Gates !
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Source : mescoursespourlaplanete.com

lundi 25 juillet 2016

Le lait de cafard, géniale source de protéines d'un futur proche?

Comment nourrir la planète? On savait les insectes riches en protéines d'excellente qualité. Une nouvelle source énergétique très prometteuse vient d'être découverte: des cristaux de lait contenus dans les abdomens de cafards.

La recherche sur le "lait" de cafard fait l'objet de d'études scientifiques depuis une dizaine d'années. Nathan Coussens, alors jeune chercheur de l'Université de l'Iowa, a écrasé la bonne espèce. Il a découvert que le Diploptera punctata produit des cristaux qui s'avèrent être une merveilleuse source de protéines.

On conviendra que le fait est peu connu, mais cette blatte est la seule à être vivipare. Fait inhabituel, cet insecte-là ne pond pas d'œufs, mais il met au monde des petits. Avant de sortir du ventre de sa mère, la progéniture s'abreuve d'un lait nourricier, comme chez les mammifères.

Futures briques de "lait au cube"? 

Mais quel intérêt possède ce lait? Hors allergies, vache, chèvre et autre buffle ne font-ils pas l'affaire? Et quid du soja, de la coco ou de l'amande? L'avantage des cristaux de lait trouvés dans les entrailles de Diploptera punctata est qu'ils sont au moins trois fois plus énergétiques que les autres.

Mais puisque traire les cafards ne semble pas aller de soi, une équipe internationale de chercheurs canadiens, américains, français, japonais et indiens s'est mise en quête du moyen de produire ce complément nutritionnel en quantité. Dans une nouvelle étude parue en juillet dans le journal International Union of Crystallography, les scientifiques affirment avoir séquencé les gènes responsables de la production de lait par les intestins de cafard. Cette substance pourrait donc être produite en laboratoire et en grandes quantités.
"Les cristaux sont une nourriture complète. Ils contiennent des protéines, du gras, des sucres. Si vous regardez les séquences protéiniques, elles contiennent tous les acides aminés essentiels. Elles sont très stables. Ça pourrait être un fantastique complément protéinique", s'enthousiasme auprès du Times of India, Sanchari Banerjee, l'un des auteurs de l'étude.
Par delà le dégoût qu'inspire à beaucoup sa simple évocation, l'ultra-résistant cafard pourrait être une source de nourriture essentielle pour l'espèce humaine. Dernier avantage de la structure cristalline, les protéines sont libérées dans l'organisme à taux constant pendant la digestion.
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Source : DN, www.bfmtv.com, 25/07/2016

lundi 6 juin 2016

Les protéines végétales sont-elles une alimentation d’avenir ?

ENTRETIEN avec Jean-Michel Chardigny, nutritionniste, directeur de recherches à l’Inra.

À l’occasion des 1ères Rencontres francophones sur les légumineuses qui se tiennent à Dijon les 31 mai et 1er juin, Jean-Michel Chardigny revient sur les propriétés des légumes secs, encore trop souvent boudés par les Français.

L’augmentation de la population humaine, la nécessité de réduire la consommation de protéines animales dans les pays développés et celle de diminuer les rejets de CO2 dans l’atmosphère terrestre, font que le choix de consommer davantage de protéines végétales s’avère être une solution bonne, raisonnable et durable.

Essentiellement présentes dans les légumineuses

À l’heure actuelle, en Occident, on consomme un tiers de protéines végétales pour deux tiers de protéines animales, alors que les recommandations internationales préconisent plutôt que ce soit moitié-moitié. Nous devrions donc consommer un peu moins de protéines animales et un peu plus de protéines végétales, ce qui permettrait à une plus grande partie de la population mondiale d’accéder aux produits animaux.

Essentiellement présentes dans les légumineuses ou « légumes secs » (lentilles, fèves, pois, haricots secs, soja), les protéines végétales sont bénéfiques pour la santé (prévention des maladies cardiovasculaires, de minéraux, de vitamines, contrôle de la glycémie, apport de fibres). Elles sont moins coûteuses pour le consommateur que les produits animaux (viande, produits laitiers).

Cultivées sans recours aux engrais chimiques

En termes d’agroécologie, le rendement protéique des plantes est bien meilleur que celui des animaux puisqu’il faut, en moyenne, cinq kilogrammes de protéines végétales pour produire un kg de protéines animales. D’autre part, du fait de la présence exceptionnelle de nodules racinaires leur permettant de fixer l’azote de l’air, les légumineuses enrichissent le sol en azote.

Elles peuvent être cultivées sans recourir aux engrais chimiques, principale source de gaz à effet de serre de l’agriculture, un secteur qui compte au total pour 16 % des émissions de gaz à effet de serre françaises. Mieux encore, elles permettent également de diminuer les engrais pour les cultures de céréales ou d’oléagineux les années suivantes.

Enfin, l’insertion de légumineuses dans la rotation des cultures contribue à rompre le cycle des parasites et des ravageurs des cultures majeures, ce qui permet de réduire la consommation de pesticides.

Il reste un long chemin à parcourir

Il faut sensibiliser les consommateurs à ces bienfaits, car les féculents pâtissent encore d’une mauvaise réputation. Les Français sont déficitaires en fibres alimentaires : ils devraient en manger environ 25 g par jour et en consomment à peine la moitié. Chaque année, ils ingèrent en moyenne 1,8 kg de légumes secs par an et par personne, au lieu de 4 à 5 kg en Europe et 7 kg au niveau mondial.

Côté agriculteurs, des filières locales se structurent, notamment en bio. La politique agricole commune (PAC) est aujourd’hui plus favorable aux légumineuses, mais il reste un long chemin à parcourir.

Propos recueillis par Denis Sergent, La Croix
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Source : la-croix.com, pr, 30/05/2016

vendredi 3 juin 2016

Adapter les protéines végétales aux besoins des personnes âgées

Les protéines végétales n’ont pas forcément les mêmes caractéristiques que les protéines animales. Dans ce contexte, les scientifiques tentent de mieux connaître leur valeur alimentaire et mieux comprendre leur digestibilité. Par ailleurs, ils cherchent de nouveaux procédés industriels pour augmenter ces qualités alimentaires.

Augmenter la part des protéines végétales dans l’alimentation ? Voilà une bonne idée qui pourrait avoir des bénéfices environnementaux et en termes de santé publique. Mais, pour ne pas faire fausse route, il faut être sûrs de bien connaître leurs caractéristiques et leurs propriétés nutritionnelles. C’est là l’un des objectifs de l’équipe de Stéphane Walrand à l’Unité Nutrition Humaine.
 
Les chercheurs le savent : comparées aux protéines de la viande ou du lait, les protéines issues des légumineuses ont un moins bon profil en acides aminés. En effet, ces dernières sont pauvres en certains acides aminés soufrés que l’organisme ne sait pas produire efficacement de lui-même.
 
Digérer les légumineuses 

Mais ce n’est pas tout. Les protéines végétales sont souvent moins disponibles au sein de l’aliment. Leur assimilation en est ainsi réduite. Par exemple, la digestibilité des protéines d’un plat de lentilles ou de haricots blancs n’est que de 50% à 80%, contre 95% pour les protéines d’un produit laitier. La cause ? « L’intestin de l’Homme est moins adapté pour digérer les matrices végétales que les matrices animales », explique Stéphane Walrand. « Il faut produire plus de protéases pour digérer les protéines végétales. De plus, les matrices végétales contiennent des éléments non digestibles ». En outre, les légumineuses contiennent des éléments tels que des phytates, qui inhibent l’action des enzymes digestives, notamment celles permettant de digérer les protéines.
 
Or, pour les personnes âgées, ces difficultés de digestibilité peuvent devenir un problème. En effet, avec le temps, la partie haute de l’intestin devient moins apte à l’assimilation des nutriments. De plus, pour des raisons encore non comprises, chez les personnes âgées, l’intestin et le foie prélèvent une part plus importante des acides aminés issus de l’alimentation pour leur propre fonctionnement. Résultat, la part des protéines disponibles pour d’autres fonctions diminue, notamment pour le renouvellement des protéines tissulaires, comme le muscle.
 
Voilà pourquoi les chercheurs tentent d’adapter les protéines végétales aux besoins des personnes âgées.
 
Les recherches de Stéphane Walrand tentent de remédier aux problèmes de digestibilité des protéines. Pour cela, son équipe travaille sur des aliments modèles : farines de légumineuses et gels de protéines. Ces produits, qui n’ont pas une visée commerciale, servent à étudier la manière dont l’organisme digère et assimile les protéines. Issus du pois, de la fève ou des lentilles, ces aliments permettent aussi de tester de nouveaux procédés techniques pour augmenter l’efficacité nutritionnelle de ces sources protéiques.
 
Par exemple, les chercheurs ont montré que l’extraction à basse température des protéines du pois ou de la fève permet d’augmenter leur digestibilité. Or, pour l’alimentation des personnes âgées, pouvoir disposer de protéines végétales à digestion rapide serait un atout majeur. Ceci permettrait de proposer des produits adaptés aux aînés et dont la qualité et la quantité de protéines conviendrait à leurs besoins particuliers. Les chercheurs tentent d’ailleurs de mettre au point des yaourts enrichis en protéines végétales issues de légumineuses.
 
Ainsi, grâce à ces innovations, les protéines végétales pourraient apporter leurs bienfaits à tout le monde.
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Source: senioractu.com, 01/06/2016

jeudi 17 mars 2016

Naissance de la marque-filière Terres OléoPro, avec Fleur de Colza pour 1er partenaire

Nombreuses sont les marques de notre quotidien dont les produits contiennent des ingrédients issus de la filière française des huiles et protéines végétales. Ces marques peuvent désormais s’engager pour garantir aux consommateurs l’origine, les conditions de production et la qualité de leurs produits, en signant la « Charte d’engagement Terres OléoPro ». Des produits que le consommateur peut facilement repérer, puisque dès le mois d’avril prochain, ils porteront le logo de la marque-filière Terres OléoPro, à l’instar de la marque Fleur de Colza, 1er partenaire signataire de la charte.

Terres OléoPro, la marque de la filière française des huiles et protéines végétales, a dévoilé à l’occasion du Salon International de l’Agriculture une charte d’engagement spécifiquement conçue pour les marques dont les produits utilisent des graines oléoprotéagineuses.

A travers cette charte, ces marques peuvent désormais s’engager aux côtés de la filière et de ses agriculteurs pour garantir aux consommateurs que les graines utilisées pour la fabrication de leurs produits sont semées, cultivées, récoltées, stockées et transformées en France.

La démarche Terres OléoPro va encore plus loin, puisque les marques adhérentes s’engagent aussi à ce que leurs produits répondent à des critères spécifiques de production et de qualité et ce, à toutes les étapes de la chaîne de valeur, du champ de l’agriculteur aux rayons du magasin.

Les produits concernés seront faciles à reconnaître : le consommateur pourra les identifier dans les linéaires grâce à l’adossement du logo de la marque-filière Terres OléoPro sur les emballages. Dès le mois d’avril prochain, c’est la marque d’huile de table Fleur de Colza qui inaugurera la démarche en adossant sur les emballages de ses bouteilles d’1 litre le logo de la marque-filière.

« L’arrivée de Terres OléoPro dans les rayons est un moment fort pour la filière française des huiles et protéines végétales », commente Antoine HENRION, président du GIE Terres de Communication, structure de valorisation de la marque-filière Terres OléoPro. « Elle matérialise à la fois l’aboutissement d’un travail qui a mobilisé l’ensemble des acteurs de la filière pendant deux ans et le renforcement du lien entre agriculteurs et citoyens qui est notre motivation première. »

5 engagements pour défendre la filière française

La démarche Terres OléoPro se compose de 5 engagements entrant dans la définition de cahiers des charges spécifiques pour chaque marque signataire :

1.    Garantie d’origine France
Les graines entrant dans la composition des produits concernés doivent être certifiées et inscrites aux catalogues. Elles doivent également être tracées jusqu’à leur région de transformation, laquelle doit être réalisée en France.

2.    Garantie de bonnes pratiques agricoles et industrielles
Les graines doivent être cultivées dans le respect de pratiques culturales raisonnées combinant la qualité, le rendement et la prise en compte de leur empreinte écologique. Elles doivent en outre être transformées dans le respect de bonnes pratiques industrielles garantissant des produits sûrs et d’une qualité irréprochable.

3.    Garantie de protection de l’environnement et des ressources
Les pratiques agricoles liées à la fabrication des produits engagés dans la démarche Terres OléoPro doivent contribuer à la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles, à l’instar des sols et de l’eau. Les pratiques industrielles liées à la transformation doivent de leur côté garantir la maîtrise des rejets de CO2 et s’engager à améliorer leurs performances énergétiques.

4.    Garantie de progrès continu et d’innovation
L’amont agricole s’engage à soutenir et à mettre en place des projets de recherche et de développement agricole afin d’améliorer les pratiques culturales et la performance des variétés, et de réduire la quantité d’intrants utilisés.

5.    Garantie d’engagement social et sociétal
Les marques et les acteurs de la filière s’engagent à assurer la santé et la sécurité des Hommes à tous les stades de la chaîne de valeur. Ils se mobilisent également pour le maintien et le développement de l’emploi agricole, facteur clé de la dynamisation des territoires ruraux.

Une démarche issue des attentes des consommateurs en France

En initiant la démarche Terres OléoPro, les acteurs de la filière ont souhaité créer davantage de lien entre les agriculteurs et les consommateurs, lesquels connaissent souvent peu le rôle prépondérant des produits issus des huiles et protéines végétales dans leur quotidien.
Pour répondre à cet objectif, la construction de la charte d’engagement s’est accompagnée dès le départ par une enquête annuelle menée sur le terrain par l’agence LinkUp et l’institut de sondage Ipsos.
La dernière édition de ce « Baromètre du bien-être durable et des marques® » résume à elle seul les motivations de la démarche Terres OléoPro :
Parmi les principaux enseignements du baromètre :
55 % des consommateurs se disent inquiets de la qualité des produits alimentaires.
75 % des Français trouvent rassurante la présence d’un label sur leur produit alimentaire.
Une attente à laquelle Terres OléoPro entend bien répondre, d’autant plus que dans un contexte de confiance dans l’agroalimentaire spectaculairement bas, 67 % des consommateurs interrogés indiquent faire confiance aux agriculteurs.
Des produits présents dans le quotidien de tout un chacun

Colza, tournesol, soja, lin, olive, pois, féverole, lupin, luzerne, lentille, etc. Les produits issus de la filière des huiles et protéines végétales composent de très nombreux produits de notre quotidien :
•    Ils se trouvent sur nos tables et dans nos plats, à travers les huiles, margarines et sauces qui accompagnent notre alimentation, donnent vie et corps à notre cuisine, et sont indispensables à notre équilibre nutritionnel.
•    Ils se trouvent dans nos salles de bain, au travers des graines transformées pour leurs propriétés et incorporées dans les produits d’hygiène et de cosmétique – savons, dentifrices, crèmes et produits de maquillage.
•    Ils se trouvent dans nos placards, garages et ateliers de bricolages, au travers des nombreux produits issus de la chimie renouvelable et utilisés pour concevoir des produits d’entretien, peintures ou revêtements innovants et plus respectueux de l’environnement.
•    Ils se trouvent dans les énergies renouvelables à travers le biodiesel présent dans 100% du parc automobile diesel en France.
•    Ils se trouvent dans l’alimentation de nos élevages, alors que les tourteaux issus de l’extraction des huiles sont valorisés pour offrir aux animaux des aliments de qualité et produits localement.
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Source : www.terresoleopro.com, communiqué du 29 février 2016

mardi 15 mars 2016

The Protein Challenge 2040 : l’ONG Forum for the future met toutes les parties prenantes autour de la table

Comment nourrir quantitativement et qualitativement en protéines 9 milliards d’individus pour un coût économique raisonnable, tout en ménageant l’environnement ? C’est le défi annoncé dans le cadre du Protein Challenge 2040 de l’ONG Forum for the Future, qui invite tous les secteurs concernés à se mobiliser pour trouver des solutions.

Notamment, l’organisation invite à dépolariser le débat entre régimes incluant ou pas des produits animaux, à éduquer les populations concernant nos besoins en protéines, où on les trouve etc., et à collaborer entre toutes les parties prenantes sur cette question : gouvernements, industriels, société civile etc.

Au travers d’une collaboration avec la société Volac initiée en 2014, l’ONG a essayé de définir ce que pourrait être un système protéique durable à l’horizon 2040. Des partenaires se sont progressivement associés au projet (WWF, GAIN, Firmenich, The Hershey Company, Quorn, Target, Waitrose…) pour créer une coalition, dont la réflexion a permis d’identifier des points clés dont la transformation accélérerait la transition protéique :
-   L’augmentation de la part de protéines végétales dans le régime moyen
-   Le travail sur l’alimentation animale de manière à améliorer sa « durabilité » ; accent mis en particulier sur l’aquaculture
-   La diminution des gaspillages et réinjection ce qui peut l’être dans le cycle de production
-   La culture de végétaux endogènes en tant que sources protéiques locales
-   La restauration de la santé des sols
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Sources : Forum for the Future, mars 2016 ; FoodNavigator.com, AR Harrison-Dunn, 01/03/2016

mardi 1 mars 2016

Fermes d'insectes : Entomo Farm lève 1.2 M€

Premier fabriquant de fermes d'élevage d'insectes pour la filière agroalimentaire, Entomo Farm, créée en 2014 à Blanquefort, vient de lever 1,2 million d'euros notamment auprès de la plateforme de financement participatif Sowefund. L'objectif est de financer le développement d'un système automatisé pour l'élevage d'insectes, permettant aux pisciculteurs de produire eux-mêmes sur site leurs protéines animales.

Lancée cet automne avec l'objectif de lever 500.000 euros, la campagne de crowdfunding  d'Entomo Farm a finalement permis de lever 1,2 M€. Cette startup qui a mis au point un système automatisé d'élevage d'insectes, créée en 2014 à Blanquefort, a collecté plus de 900.000 euros sur la plateforme de financement participatif Sowefund.com qui permet aux entreprises de se financer aussi bien auprès des acteurs traditionnels que des particuliers. "Le projet le plus populaire de notre plate-forme", témoigne Benjamin Wattinne, directeur général de Somefund.com.

La société a collecté ces fonds auprès d'investisseurs privés, de business angels (Stéphane Zittoun, Jean-Philippe Bour, holding Initis), et a bénéficié du soutien d'Aqui-Invest, fonds de co-investissement créé par le Conseil régional d'Aquitaine avec l'aide du Feder. Cette opération a été complétée par des prêts auprès de Bpifrance et d'un acteur bancaire.

Première cible : la filière piscicole

Avec son système éco-industriel pour l'élevage d'insectes et leur transformation en farine, Entomo Farm,  hébergée par la Technopole Bordeaux Technowest à l'Ecoparc de Blanquefort (33), et incubée par l'incubateur technologique Incuballiance (91), avait déjà convaincu en 2014 Marc Simoncini (Meetic), Jacques-Antoine Granjon (vente-privee.com) et Xavier Niel (Free) en 2014, lors du concours 101 projets.

Conçu pour répondre aux besoins de l'industrie agroalimentaire, ce système permet de produire de grandes quantités de farine d'insecte rapidement, avec des coûts de production et un impact environnemental très faibles, en garantissant la traçabilité et la sécurité sanitaire du produit final.

Déclinés au format container maritime (Entomo Box) ou usine (EntomoPolis), les systèmes sur-mesure d'Entomo Farm peuvent fonctionner n'importe où. La solution intéresse particulièrement la filière piscicole, à la recherche d'une alternative durable aux farines de poissons, la principale source de protéines animales dans l'alimentation des poissons d'élevage, dont le prix a augmenté de 186 % ces 10 dernières années.

Bientôt l'international
"Nos premiers sacs de farines viennent de sortir de notre unité pilote de Blanquefort. Tout l'enjeu de 2016 consiste à finaliser la mécanisation et l'automatisation de la chaîne de production, afin de se positionner comme leader technologique et de commencer à livrer nos premiers clients", précise Clément Soulier, co-fondateur et directeur industriel d'Entomo Farm.
La société ambitionne déjà un développement rapide à l'international. Car cette campagne lui a également permis de se faire remarquer sur les marchés étrangers. Grégory Louis, président fondateur d'Entomo Farm, précise qu'au cours de cette campagne de crowdfunding,
la société a "reçu beaucoup de marques d'intérêt en provenance d'Asie et d'Afrique de l'Ouest. L'ampleur de ce premier tour de table nous permet d'envisager un développement commercial à l'international dès cette année, d'autant que nous avons maintenant derrière nous une équipe de business angels qui nous ouvre des portes à l'étranger."
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Source : objectifaquitaine.latribune.fr, Céline Lanusse, 01/03/2016