jeudi 11 août 2016

D’après une nouvelle étude américaine, la consommation de protéines végétales est liée à une forte diminution de la mortalité

D’après une nouvelle grande étude américaine publiée dans le JAMA, la consommation de protéines végétales est liée à une forte diminution de la mortalité. Tandis que les protéines animales sont associées à une mortalité plus élevée, surtout chez les personnes ayant un facteur de risque cardiovasculaire. 

De très nombreuses études ont lié consommation de viande, rouge notamment, avec la mortalité,  indépendamment d’autres facteurs de risques (tabagisme, alcool, surpoids, inactivité...). Mais cette étude publiée dans le JAMA est l'une des premières études d'envergure à analyser l'effet spécifique des protéines animales chez les personnes présentant un facteur de risque (1). Et c'est également l'une des premières à analyser l'effet de la substitution des protéines animales par des protéines végétales. 

L'équipe de chercheurs qui l'a menée a combiné les données de deux (très) grandes études d’observations américaines : la Nurses’s Health Study (de 1980 à 2012) et la Health Professionals Follow-up Study (de 1986 à 2012). 
Au total ce sont plus de 130 000 Américains qui ont renseigné leurs habitudes alimentaires pendant 25 à 30 ans.

Résultats : après ajustement sur les facteurs de risques principaux, l’apport total en protéines animales était faiblement lié à la mortalité totale, mais il était plus nettement associé à la mortalité cardiovasculaire. Ce lien était surtout observé chez les personnes possédant au moins un facteur de risque cardiovasculaire : tabagisme, inactivité, surpoids ou encore alcoolisme. 
Pour chaque augmentation de 10% du pourcentage de l’énergie apportée par les protéines animales, le risque augmentait de 8% (dans cette étude, en moyenne, 13% de l’énergie était apportée par les protéines animales). Tandis que les apports en protéines végétales était lié à une mortalité plus basse : -10% de risque pour chaque augmentation de 3% de l’énergie apportée par les protéines végétales. Les auteurs justifient que les protéines végétales auraient de très nombreux bénéfices sur la santé.

Les chercheurs ont réalisé des simulations et ont découvert que remplacer seulement 3% de l’apport en énergie provenant des protéines de charcuterie par des protéines végétales diminuerait le risque de décès de 34% !  De même, remplacer 15 g de protéines d’œufs (2 œufs) par des protéines végétales diminuait le risque de 19%, contre 12% en remplaçant 15 g de viande rouge (80 g d’entrecôte) par des protéines végétales.

Que penser de ces résultats ?

Il s'agit d'une étude d’observation, on ne peut donc pas en déduire un lien de cause à effet. Cependant, cette étude possède l’avantage d’avoir suivi un très grand nombre de participants (130 000) pendant une longue période (25 ans) en plus d'avoir envoyé régulièrement des questionnaires alimentaires, cela limite donc le risque de biais mais diminue également la force des résultats. Les effets “réels” peuvent donc être plus forts en réalité.

Qu’en disent les autres études d’observation ? La plupart ont étudié le lien entre apports en viande et mortalité : certaines études d’observation n’ont pas trouvé de lien entre apports en viande et mortalité (2,3,4) tandis que d’autres ont observé un lien (5). De nombreuses études ont également rapporté un lien entre végétarisme et longévité (6,7) mais pas toutes (8). Les données semblent montrer que des apports faibles (<50 g par jour) en viande ne sont pas nocifs, mais que la consommation de charcuterie, de viande grasse ou de grandes quantité de protéines l'est. Il y a également certains chercheurs qui pensent que cela serait surtout le gras animal qui serait nocif, car chargé en polluants qui s'accumulent dans la chaîne alimentaire. Suivant le type de viande (dinde/bœuf) et le type de morceau (entrecôte/bavette), les teneurs en graisses sont différentes et les effets sur la santé le sont probablement également. Seul problème, la plupart des études, surtout les grandes études, ne vont pas dans ce niveau de détail. La volaille, la viande rouge, et les œufs, sont souvent mis dans le même panier. Les quelques études ayant étudié le type de viande et la mortalité rapporte un effet néfaste de la viande rouge et un effet protecteur ou neutre de la volaille.

Qu’en disent les études d’intervention ? Elles ont montré  dans leur majorité que remplacer les graisses saturées, souvent d’origine animale, par les graisses végétales diminue la mortalité cardiovasculaire (9, 10, 11) mais aussi le risque de cancer (12, 13, 14).

Restriction en protéines et longévité

La restriction calorique augmenterait la longévité. Selon certains chercheurs, cet effet protecteur ne serait pas dû à la restriction calorique en tant que telle mais à la restriction en protéines. En effet, de nombreuses études, réalisées tant chez l’animal que chez l’homme, rapportent que la consommation de protéines, surtout animales, diminuerait la longévité, sauf après 65 ans où l’on observe un effet protecteur des protéines animales (15). Selon les chercheurs, cet effet serait causé par deux acides aminés : la méthionine et le tryptophane, très présents dans les produits animaux, qui sur le long terme stimuleraient la synthèse de l’hormone de croissance, qui elle-même accélérerait le vieillissement et la croissance des tissus, et donc du tissu musculaire mais également du tissu adipeux et des tumeurs.

Une nouvelle étude d'observation à grande échelle et à long terme semble confirmer cette hypothèse (16). En analysant l'évolution de l'obésité dans plus de 170 pays, en plus de l'augmentation de l'inactivité, de l'urbanisation et des apports énergétiques, elle a montré que les apports en protéines animales et en sucres expliqueraient à eux seuls 26% de l'évolution du poids. Selon ces chercheurs, les apports en glucides et lipides sont adéquats mais que ce sont les protéines animales, digérées et métabolisées après les glucides et les lipides, qui sont transformées en graisse par le corps et aboutissent à la prise de poids.
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Source : Pierre Lombard, lanutrition.fr, 11/08/2016

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