vendredi 20 janvier 2017

Coop suisse lance son burger aux insectes

La Coop proposera en exclusivité sur le marché suisse des produits contenant des insectes, comme des burgers ou des boulettes de viande hachée dès le printemps 2017

Jusqu'à présent, les insectes n'étaient pas autorisés en Suisse à la commercialisation comme denrées alimentaires, alors qu'ils représentent une véritable source de protéines, que leur élevage est durable et leur saveur raffinée. L'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires a annoncé aujourd'hui que le commerce de certains insectes serait autorisé dès le printemps 2017. En collaboration avec la start-up Essento, Coop s'est investie en faveur de cette autorisation et a développé la recherche sur les produits à base d'insectes. Au printemps prochain, Coop proposera en exclusivité sur le marché suisse des produits contenant des insectes, comme des burgers ou des boulettes de viande hachée.

«Le secret de notre réussite réside dans notre capacité à identifier les tendances et à innover», explique Roland Frefel, responsable des Produits frais chez Coop. «En ajoutant certaines variétés d'insectes à la liste des ingrédients de certains produits transformés, nous misons sur une industrie alimentaire moderne et tournée vers l'avenir et créons dès le début une offre adaptée qui permet aux clients de découvrir un nouveau monde de saveurs.» Dès la mise en application de la nouvelle loi sur les denrées alimentaires, certains supermarchés Coop proposeront des versions étonnantes de burgers et de boulettes de viande hachée.

Les bonnes raisons de manger des insectes

Deux milliards d'individus dans le monde se nourrissent régulièrement d'insectes. Les raisons d'adopter les insectes dans notre régime alimentaire sont nombreuses.

Qualités gustatives: les insectes ont goût délicieux et apportent une variété de saveurs dans nos assiettes. Le goût des criquets pèlerins rappelle celle du poulet. Les vers de farine possèdent un arôme proche de la noix.

Santé: les insectes sont aussi riches en protéines que la viande et le poisson. Ils contiennent des vitamines et des minéraux essentiels ainsi que des acides gras insaturés. Ils représentent un complément sain aux habitudes alimentaires des Occidentaux.

Promouvoir le développement durable: l'élevage des insectes peut s'effectuer de manière parfaitement durable. Il demande très peu d'eau et de nourriture. De plus, il ne produit qu'une faible quantité de gaz à effet de serre.

Des partenariats pour inventer l'alimentation de demain

Essento se consacre depuis plus de trois ans au potentiel culinaire des insectes. Cette jeune start-up suisse développe, produit et commercialise pour le commerce de détail et la restauration de délicieuses spécialités à base d'insectes comestibles. «Coop ne cesse d'innover et de façonner l'avenir. C'est indispensable si l'on veut conforter notre position de leader du marché», souligne Roland Frefel pour justifier la collaboration avec Essento.

Dans le cadre de l'initiative Kickstart Accelerator, réservée aux start-up, Coop soutient également la société finlandaise Entocube qui élève ses grillons en conteneurs et les nourrit de déchets végétaux pour qu'ils soient ensuite transformés en poudre de protéines.
---
Source : Le Matin, 16/12/2016

jeudi 19 janvier 2017

Roquette investit massivement dans la protéine végétale

Le groupe injecte 300 millions d'euros dans une nouvelle usine au Canada.

Roquette veut profiter du goût de plus en plus prononcé des consommateurs pour les ingrédients naturels. Le géant des dérivés de l'amidon va investir 300 millions d'euros au Canada dans la construction de la plus grosse usine de protéines de pois au monde. Une protéine à haute valeur ajoutée, très bien adaptée à l'alimentation diététique, pour vegan ou végétariens, ou pour la nutrition du sportif ou des seniors.

Avec une ouverture programmée en 2019, l'usine sera installée à Portage la Prairie, dans le plus grand bassin de production de pois au monde. Le Canada en produit quelque 3,5 millions de tonnes chaque année, loin devant nos 700.000 tonnes hexagonales.

Roquette avait déjà marqué son intérêt pour cette protéine végétale en investissant 40 millions dans son unité de Vic-sur-Aisne, inaugurée l'an dernier, avec une capacité de 80.000 tonnes et déjà à pleine charge face à un marché mondial très porteur, en croissance de 13 % à 14 % l'an. « L'usine française est le point d'envoi de nos protéines de pois dans le monde. Elle est déjà saturée, nous allons la "dégoulotter" le plus vite possible », précise aux « Echos » Jean-Marc Gilson, directeur général du groupe. Ainsi, en 2019, Roquette devrait disposer de deux unités de 100.000 tonnes chacune.

Très discret, le groupe familial réalise un chiffre d'affaires de 3,3 milliards d'euros, dont plus de 80 % à l'international. Il compte 8.000 salariés, dont la moitié en France. Roquette renforce avec cette opération son choix d'accélérer dans la nutrition-santé, un domaine qui représente déjà les trois quarts de son activité. La protéine de pois y prendra une part majeure : représentant un peu moins de 10 % des ventes du groupe, elle devrait passer à 15 %-20 % à terme, estime Jean-Marc Gilson. « On est au début d'une nouvelle industrie de protéines à base végétale à haute valeur ajoutée », considère-t-il.

Barres énergétiques

La protéine de pois n'est pas allergène, sans gluten et sa valeur nutritionnelle est très importante. Elle très bien digérée par les personnes âgées et permet aux patients dénutris de reconstituer rapidement leur masse musculaire. Le marché des barres énergisantes est d'ailleurs un autre segment prioritaire de développement pour les promoteurs de la protéine.

Le projet canadien s'inscrit dans un doublement du rythme annuel des investissements industriels de Roquette, qui doit passer de près de 200 millions à un peu moins de 400 millions pendant plusieurs années.
---
Source : Les Echos, Olivier Ducuing, 19/01/2017

Des insectes au menu en Suisse dès le 1er mai 2017

Les Suisses pourront bientôt acheter des grillons et des sauterelles en toute légalité pour les manger.

Les Suisses pourront acheter des grillons et des sauterelles en toute légalité. La nouvelle loi sur les denrées alimentaires, qui améliore aussi la transparence pour les consommateurs, entrera en vigueur le 1er mai 2017, a décidé vendredi le Conseil fédéral.

En tout, 27 ordonnances ont été remaniées et corrigées afin d'accompagner la révision de la loi sur les denrées alimentaires adoptée par les Chambres fédérales en juin 2014. La perle de ce régime: la commercialisation de trois espèces d'insectes.

Concrètement, il s'agit de la larve du ténébrion meunier, soit le ver de farine (Tenebrio molitor), du grillon domestique (Acheta domestica) et du criquet migrateur (Locusta migratoria). Le gouvernement s'est limité pour l'heure aux trois espèces les plus connues parmi les amateurs d'insectes.

Les petites bêtes doivent provenir d'un élevage. Elles ne peuvent être mises sur le marché que si elles ont été surgelées dans les règles et ont fait l'objet d'un traitement pour détruire les germes végétatifs, indique l'ordonnance idoine. Pour mettre d'autres espèces d'insectes sur les étals ou les menus des restaurants, des autorisations seront requises, au nom de la sécurité des aliments.

Une meilleure protection

La nouvelle loi ne s'occupe pas seulement de régler les nouvelles sortes d'aliments. Elle induit «un changement de paradigme» pour celles déjà existantes, a affirmé le ministre de la santé Alain Berset devant les médias. Tous les aliments pourront être vendus, à condition qu'ils soient jugés sûrs et respectent les exigences.

Jusqu'à présent, ceux qui n'étaient pas spécifiés dans la législation étaient interdits. «Les consommateurs seront dorénavant mieux informés quant au contenu des denrées alimentaires», a assuré M. Berset. Davantage de précisions seront fournies sur les ingrédients et leur provenance afin d'éclairer leur choix.

Pour les aliments préemballés, par exemple, l'emballage devra mentionner les valeurs nutritionnelles, a illustré le conseiller fédéral. Autre changement, pour la viande et le poisson, la provenance exacte devra être indiquée. Les personnes souffrant d'allergies bénéficieront également d'une meilleure indication des allergènes dans la vente en vrac.

Toutes les informations pertinentes devront être fournies également dans le cas du commerce en ligne.

Producteurs mieux lotis

Les consommateurs seront en outre mieux protégés contre la tromperie. Une meilleure traçabilité des produits permettra de rappeler de manière ciblée les cosmétiques et les objets usuels, comme c'est déjà le cas aujourd'hui pour les aliments. De plus, les arguments publicitaires ne seront admis que si les fabricants et les distributeurs peuvent prouver leurs allégations.

«Les améliorations touchent aussi les producteurs», a insisté Alain Berset. «Les acteurs de l'économie auront plus de liberté, tout en assumant davantage de responsabilités», a-t-il souligné. Pour le producteur qui respecte la législation, il ne sera plus nécessaire d'attendre six mois une autorisation de mise en vente. La commercialisation sera immédiatement possible.

Autre point, le gouvernement a simplifié le processus d'autocontrôle pour les petites entreprises comptant neuf employés au plus, afin de réduire leurs charges administratives. D'autres exceptions sont fixées pour la production. La fréquence des contrôles officiels a en outre été harmonisée au niveau national.

Des délais transitoires

La nouvelle loi permet de commercialiser plus rapidement les nouveaux produits et de supprimer les barrières administratives. La réglementation suisse est également harmonisée avec celle de l'Union européenne (UE), ce qui élimine les obstacles commerciaux.

Lors de la consultation, la commercialisation d'espèces d'insectes n'avait suscité presque aucune opposition, mais l'économie avait tiqué sur certaines nouvelles règles, notamment concernant les allergènes et les déclarations de provenance.

Consommateurs perdants

Vendredi, les organisations de consommateurs ont quant à elles déploré un cadeau empoisonné pour les consommateurs. Plusieurs ordonnances ont été adaptées au profit de l'industrie et au mépris du droit à une information transparente.

Et de citer l'indication sur l'origine des ingrédients qui reste selon elles opaque, la teneur en sucre des aliments qui restera volontaire, les bouillies pour bébé qui pourront toujours contenir des arômes chimiques. L'Alliance des organisations des consommateurs va poursuivre sa lutte pour une information correcte en faisant pression sur les entreprises.

Les dispositions sanitaires entreront en vigueur le 1er mai 2017. Des délais transitoires de quatre ans sont prévus dans d'autres domaines, par exemple l'étiquetage et la publicité des produits, afin de minimiser les coûts de l'adaptation des emballages.
---
Source : Tribune de Genève, 16/12/2016

mercredi 18 janvier 2017

Steaks végétaux : pas assez de protéines !

Qu’ils soient à base de soja, de pois ou de céréales, les substituts de viande séduisent les Français. Encore faut-il trier le bon grain de l’ivraie.

Troquer la viande contre un steak végétal, c’est un moyen pour les consommateurs de manger plus sain tout en préservant la planète et le bien-être animal.

L’engouement pour ces produits, dont la composition s’affiche très souvent à base de soja, l’une des légumineuses les plus riches en protéines, ou encore de céréales comme le sarrasin, le blé ou l’avoine, est réel. Ainsi, ils ne sont plus réservés aux marques bio et végétariennes. Désormais, même des grosses pointures de l’industrie agroalimentaire proposent des steaks végétaux.

Encore faut-il que ces ersatz de viande fournissent les mêmes apports nutritionnels que le (vrai) steak. Pour le vérifier, nous avons étudié, avec l’aide de la diététicienne Vanessa Gouyot, dix galettes et steaks végétaux achetés en grandes surfaces. L’étude détaillée est publiée dans notre numéro de janvier 2017

Trop peu de protéines, un comble !
Premier enseignement : la moitié de nos produits ne contient pas assez de protéines, soit un minimum de 15 % par portion, à l’instar de la viande. Et si la quantité de protéines est essentielle, il faut également qu’elles soient de bonne qualité. Or aucune protéine végétale n’apporte, à elle seule, les neuf acides aminés essentiels à l’organisme pour fabriquer du muscle, des enzymes, des anticorps, etc.

La seule solution consiste à combiner dans un même repas des protéines de sources différentes, telles que des céréales et des légumineuses. Or la plupart des galettes de l’essai ne renferment pas la moindre miette de légumineuse.

Inutile de rechercher du copié-collé
Quelle que soit sa recette, un steak végétal n’aura jamais le même “profil” nutritionnel que son homologue animal. Au moins les produits végétaux ont l’avantage de contenir davantage de fibres. Dommage qu’elles soient en quantités très variables selon les marques : entre 5,6 grammes pour le Croc Tofou de Soy et 0,8 g pour le Seitan gourmet grill de Lima, autant dire rien…

De plus, les produits végétaux contiennent très peu d’éléments minéraux clés comme le fer et le zinc, alors que la viande en est une source importante.

Des steaks végétaux pas toujours très naturels
Flocons de blé ou d’avoine réhydratés, farine protéique de soja, gélifiants, colorants… la présence de ces ingrédients pas très naturels rappelle que les steaks végétaux sont des aliments transformés. Nous avons également regardé le nombre d’additifs. Plus les produits visent à ressembler à de la viande, plus ils contiennent des colorants, exhausteurs de goûts, gélifiants, etc.

Quel steak végétal choisir ?
Pour lire notre étude de dix steaks végétaux de marques Bjorg, Carrefour Veggie, Céréalpes, Herta, Idée végétale, Lima, Monoprix bio, Picard, Sojasun et Soy, rendez-vous dans notre numéro de janvier 2017.
---
Source : 60 millions de consommateurs, Patricia Chairopoulos, 05/01/2017.

mardi 17 janvier 2017

Bionascent veut faire du lait pour bébé avec des protéines humaines

La start-up aurait déjà réussi à fabriquer in vitro l'une des protéines essentielles que l'on trouve dans le lait maternel.

Ces dernières années, le débat entre les pro et les anti-allaitement n'en finit plus d'être discuté. De nombreuses études scientifiques sont publiées et commentées sur le sujet. Le consensus actuel, de l'OMS aux agences gouvernementales en passant par les revues scientifiques tend à affirmer que l'allaitement est bénéfique pour l'enfant et la mère sur divers points. Ce qui ne veut pas dire que le lait infantile est nocif pour autant, évidemment, d'autant que la portée de ces avantages diffère selon les études.

Un des atouts du lait maternel, c'est qu'il est produit par un humain, pour un humain, à l'inverse du lait infantile, qui provient de la vache. Sans trancher ce débat, qui reste avant tout un choix personnel, une start-up américaine entend justement créer un lait artificiel à base de protéines humaines, rapporte la Technology Review du MIT.

Comment ça marche? La société Bionascent, lancée en février 2016, cherche à produire en laboratoire 14 des protéines les plus importantes du lait maternel (sur les 1600 qui le composent). Pour cela, les scientifiques insèrent des gènes humains dans des levures cultivées in vitro, précise Technology Review, qui a interrogé le PDG de Bionascent. L'idée serait d'incorporer ces molécules bien particulières dans du lait infantile classique.

Un long (et coûteux) chemin avant la commercialisation

Celui-ci affirme avoir déjà réussi à répliquer l'alpha-lactalbumine, qui représente entre un quart et un tiers des protéines dans le lait maternel. Dans le lait de vache, la proportion tombe à seulement 3%. Avec ce "prototype", Bionascent espère attirer des investisseurs pour synthétiser les 14 autres protéines et, surtout, passer les coûteux tests de certification américains.

La société devra également prouver, études scientifiques à l'appui, que ces protéines sont identiques à celles fabriquées par le corps humain et parfaitement acceptées par le bébé. En attendant, une deuxième protéine cultivée in vitro devrait arriver d'ici deux mois.

BIonascent n'imagine pas remplacer le lait maternel, d'autant plus que celui-ci change en fonction de l'âge de l'enfant, de son sexe ou plus généralement de ses besoins. Mais le PDG, Craig Rouskey, souhaiterait au moins rapprocher le lait artificiel le plus possible de son équivalent humain.
---
Source : Huffington Post, Grégory Rozieres, 03/01/2017