jeudi 11 septembre 2014

L’industrie et la finance misent sur les insectes, protéine du futur

Des fonds investissent dans la start-up Ynsect, Carrefour pourrait confier ses invendus à la recherche sur les insectes.

Les insectes, matière première du futur? Il y a quelques semaines, les fonds d’investissement Emertec et Demeter Partners ont apporté 1,8 million d’euros à un éleveur de… scarabées, la jeune société Ynsect. Grâce à cet argent, la start-up, créée en 2011 par un quatuor de trentenaires comprenant deux ingénieurs agronomes, peut s’installer au Genopole d’Évry, au sud de Paris. «Nous voulons créer une usine à insectes, capable d’en produire plusieurs milliers de tonnes, en particulier des scarabées», explique Antoine Hubert, en charge de la recherche et développement. Le but d’Ynsect est de maîtriser les technologies de production à grande échelle et de participer en parallèle aux recherches sur l’utilité des insectes dans la nutrition animale et la chimie verte. Le projet en est encore au pilote et les premiers résultats ne sont pas attendus avant 2020.

«La chimie traverse une crise grave tandis que la biologie fait des progrès hallucinants et, avec elle, l’analyse du vivant. On pose donc un regard nouveau sur les biomasses, parmi lesquelles les insectes, comme les algues. C’est une ressource potentielle importante pour la nutrition, la chimie, la cosmétique ou la pharmacie », explique Bernard Maître, président du directoire d’Emertec. Sa société de capital-risque a levé 50 millions d’euros pour son cinquième fonds «cleantech», investi dans la chimie verte et l’agriculture raisonnée. Elle a introduit en Bourse McPhy, spécialiste du stockage de l’hydrogène, et aussi Fermentalg, une société qui cherche à produire, à partir des algues, des protéines et des huiles pour l’alimentation, l’énergie ou la chimie.

Emballages en carapace

Bon nombre d’acteurs de l’agro-industrie et de la chimie s’intéressent à ces recherches. Carrefour discute avec l’université Agro-Bio Tech de Gembloux, en Belgique, qui projette de produire une poudre d’insectes comme les grillons nourris avec des invendus du groupe de distribution. GDF Suez, Areva, Siclaé et Unigrains ont investi dans le fonds «cleantech» d’Emertec.

Toutefois, si pallier le manque de ressources en nutrition ou l’émergence de produits chimiques est un vrai sujet, cela reste un pari. «Pour l’instant, le prix de revient de la farine protéinique d’insectes est trop élevé par rapport aux autres aliments pour animaux. Il faut arriver à un prix compétitif pour ces farines protéiniques et cibler d’autres produits à très haute valeur ajoutée», souligne Olivier Dupont, président de Demeter, société de capital-investissement spécialisée dans la cleantech, avec 360 millions d’euros investis dans trois fonds depuis 2005.


Pour réduire ses coûts et optimiser sa recherche, Ynsect s’est allié à des laboratoires de pointe: l’Inra, AgroParisTech, le CEA et le CNRS au sein du programme Desirable. Ce plan d’un million d’euros sur quatre ans, lancé début 2013, est destiné à «préparer l’émergence de la filière insectes pour l’alimentation animale», explique Samir Mezdour, son porte-parole. Puis, «en fractionnant les constituants, à en tirer des lipides, des protéines pour l’alimentation animale et utiliser la chitine (carapace) valorisée dans les plastiques et l’emballage».

Source : Lefigaro.fr, Armelle Bohineust, 03/08/2014
http://bourse.lefigaro.fr/indices-actions/actu-conseils/l-industrie-et-la-finance-misent-sur-les-insectes-proteine-du-futur-1354837

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