jeudi 19 janvier 2017

Des insectes au menu en Suisse dès le 1er mai 2017

Les Suisses pourront bientôt acheter des grillons et des sauterelles en toute légalité pour les manger.

Les Suisses pourront acheter des grillons et des sauterelles en toute légalité. La nouvelle loi sur les denrées alimentaires, qui améliore aussi la transparence pour les consommateurs, entrera en vigueur le 1er mai 2017, a décidé vendredi le Conseil fédéral.

En tout, 27 ordonnances ont été remaniées et corrigées afin d'accompagner la révision de la loi sur les denrées alimentaires adoptée par les Chambres fédérales en juin 2014. La perle de ce régime: la commercialisation de trois espèces d'insectes.

Concrètement, il s'agit de la larve du ténébrion meunier, soit le ver de farine (Tenebrio molitor), du grillon domestique (Acheta domestica) et du criquet migrateur (Locusta migratoria). Le gouvernement s'est limité pour l'heure aux trois espèces les plus connues parmi les amateurs d'insectes.

Les petites bêtes doivent provenir d'un élevage. Elles ne peuvent être mises sur le marché que si elles ont été surgelées dans les règles et ont fait l'objet d'un traitement pour détruire les germes végétatifs, indique l'ordonnance idoine. Pour mettre d'autres espèces d'insectes sur les étals ou les menus des restaurants, des autorisations seront requises, au nom de la sécurité des aliments.

Une meilleure protection

La nouvelle loi ne s'occupe pas seulement de régler les nouvelles sortes d'aliments. Elle induit «un changement de paradigme» pour celles déjà existantes, a affirmé le ministre de la santé Alain Berset devant les médias. Tous les aliments pourront être vendus, à condition qu'ils soient jugés sûrs et respectent les exigences.

Jusqu'à présent, ceux qui n'étaient pas spécifiés dans la législation étaient interdits. «Les consommateurs seront dorénavant mieux informés quant au contenu des denrées alimentaires», a assuré M. Berset. Davantage de précisions seront fournies sur les ingrédients et leur provenance afin d'éclairer leur choix.

Pour les aliments préemballés, par exemple, l'emballage devra mentionner les valeurs nutritionnelles, a illustré le conseiller fédéral. Autre changement, pour la viande et le poisson, la provenance exacte devra être indiquée. Les personnes souffrant d'allergies bénéficieront également d'une meilleure indication des allergènes dans la vente en vrac.

Toutes les informations pertinentes devront être fournies également dans le cas du commerce en ligne.

Producteurs mieux lotis

Les consommateurs seront en outre mieux protégés contre la tromperie. Une meilleure traçabilité des produits permettra de rappeler de manière ciblée les cosmétiques et les objets usuels, comme c'est déjà le cas aujourd'hui pour les aliments. De plus, les arguments publicitaires ne seront admis que si les fabricants et les distributeurs peuvent prouver leurs allégations.

«Les améliorations touchent aussi les producteurs», a insisté Alain Berset. «Les acteurs de l'économie auront plus de liberté, tout en assumant davantage de responsabilités», a-t-il souligné. Pour le producteur qui respecte la législation, il ne sera plus nécessaire d'attendre six mois une autorisation de mise en vente. La commercialisation sera immédiatement possible.

Autre point, le gouvernement a simplifié le processus d'autocontrôle pour les petites entreprises comptant neuf employés au plus, afin de réduire leurs charges administratives. D'autres exceptions sont fixées pour la production. La fréquence des contrôles officiels a en outre été harmonisée au niveau national.

Des délais transitoires

La nouvelle loi permet de commercialiser plus rapidement les nouveaux produits et de supprimer les barrières administratives. La réglementation suisse est également harmonisée avec celle de l'Union européenne (UE), ce qui élimine les obstacles commerciaux.

Lors de la consultation, la commercialisation d'espèces d'insectes n'avait suscité presque aucune opposition, mais l'économie avait tiqué sur certaines nouvelles règles, notamment concernant les allergènes et les déclarations de provenance.

Consommateurs perdants

Vendredi, les organisations de consommateurs ont quant à elles déploré un cadeau empoisonné pour les consommateurs. Plusieurs ordonnances ont été adaptées au profit de l'industrie et au mépris du droit à une information transparente.

Et de citer l'indication sur l'origine des ingrédients qui reste selon elles opaque, la teneur en sucre des aliments qui restera volontaire, les bouillies pour bébé qui pourront toujours contenir des arômes chimiques. L'Alliance des organisations des consommateurs va poursuivre sa lutte pour une information correcte en faisant pression sur les entreprises.

Les dispositions sanitaires entreront en vigueur le 1er mai 2017. Des délais transitoires de quatre ans sont prévus dans d'autres domaines, par exemple l'étiquetage et la publicité des produits, afin de minimiser les coûts de l'adaptation des emballages.
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Source : Tribune de Genève, 16/12/2016

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