vendredi 27 février 2015

Ses plats à base d'insectes feront-ils mouche ?

À Trémel (22), Rémi Caron veut enrichir des produits locaux avec les protéines des insectes. Avant de les vendre sur les belles tables de France et d'ailleurs.

Bientôt détrôné par les insectes, le bon vieux bifteck ? On n'y est pas encore : au royaume de la bonne bouffe, on fait toujours la fine bouche devant ces assiettes de vers de farine (ténébrions) et autres grillons que les agronomes présentent pourtant comme l'alimentation d'avenir.

Cela n'empêche pas certains entrepreneurs de jouer les précurseurs en se positionnant d'ores et déjà sur ce marché qu'ils voudraient porteur. À l'instar de Rémi Caron, qui se consacre désormais à l'élaboration de produits alimentaires à base d'insectes.

Il faut dire qu'en matière d'originalité, cet habitant de Trémel n'en est pas à son coup d'essai. Déjà gérant de la société Kangour'Hop, le Trégorrois s'est fait une spécialité dans la découverte de produits de loisirs insolites (échasses bondissantes, énormes ballons sauteurs, vélos atypiques...) qu'il vend ou loue pour animer des festivals urbains et événements en tous genres.

Riche apport en protéines

Depuis 2009, cet ancien salarié en ressources humaines d'une grande marque de l'agroalimentaire cultive ce « goût pour l'originalité », au point d'élargir ses activités, depuis le 1er janvier, aux insectes. Quelle mouche l'a piqué ? se demanderont certains. Seulement Rémi Caron n'est pas le seul à observer de près l'enjeu que constituent ces bébêtes : une production à forte valeur nutritive mais à moindre impact environnemental.

Conscient de s'attaquer à « un marché de niche », il lui voit un énorme potentiel : « Le riche apport en protéines des insectes fait d'eux un remède à la malnutrition dans le monde », relaie ce Costarmoricain, qui mesure également tout le poids de ces nombreuses régions du monde (notamment en Asie et en Afrique) où les insectes constituent une base alimentaire.

« Soit 3 milliards d'individus. » De quoi ouvrir l'appétit... Du moins celui du Trégorrois qui aimerait profiter de ces traditions culinaires instituées pour valoriser à l'international ses produits élaborés. Comme sur le plan national. « C'est donner l'occasion aux restos gastronomiques situés à l'étranger de se démarquer par des produits français, et aux belles tables françaises de se distinguer par l'originalité », résume Rémi Caron, qui mise aussi sur les épiceries et la vente sur Internet.

Des p'tites bêtes qui montent, qui montent...

Et pourtant, point de machine de guerre agroalimentaire derrière celui qui travaille souvent en solo mais fera équipe, pour l'occasion : « Avec une productrice de fromage, nous avons déjà élaboré un camembert et une tomme. Nous cherchons d'autres producteurs pour enrichir la gamme, de boudins fourrés aux insectes, de saucissons, de crêpes-galettes... »

Mais Rémi Caron est lucide : « Très clairement, ici les gens ne sont pas prêts à manger les insectes tels quels. » Il parle en connaissance de cause, pour avoir soumis au jugement des Lannionnais ses fromages avec vers apparents, sur le marché du jeudi...

Cette expérience le convainc d'une nécessité : réduire en poudre les insectes. Pourtant, croquer des vers et autres criquets, ce n'est pas non plus Koh Lanta : ils se picorent déshydratés. Mais la poudre fera sans doute davantage avaler la pilule.

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Source : Céline Martin, Ouest-France Entreprises, 20 février 2015
http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/agroalimentaire-ses-plats-base-dinsectes-feront-ils-mouche-20-02-2015-194679

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