mardi 10 février 2015

Julien Le Creff, un Espalionnais qui a le goût des insectes

On entend d’ici les mauvaises langues à l’évocation de se nourrir d’insectes, qui plus est, à quelques kilomètres d’un chef triple étoilé… Encore que ce dernier donne bien à manger des fleurs, alors pourquoi pas des insectes ! D’ailleurs, de grandes tables en proposent, même en France. Et Justin Le Creff et Julien Sanchez, créateurs de Getsharp, ne sont pas… bêtes, proposant une barre de céréales protéinée à base de vers Buffalo agrémentée de cacahuètes, de chocolat, de soja.

Avec 40% de protéines, ce produit se prédestine aux sportifs

«Il y a un marché à prendre», résume Justin LeCreff, terminant son master à l’école de commerce à Madrid. Mais c’est suite à un voyage en Thaïlande en juin 2013 que ces deux Ruthénois installés au jeune pôle économique d’Espalion, ont fait le pari de nourrir des sportifs avec des barres à base d’insectes, en se sensibilisant et remontant la filière de la plus grande distribution d’insectes au monde.

Hasard ou pas, la FAO (organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) a publié un rapport en mai 2013 préconisant l’élevage et la consommation d’insectes (vitamines, minéraux, faible consommation d’eau, très peu d’émission de gaz à effet de serre...). De quoi alimenter le rêve de nourrir l’espèce humaine d’insectes! Les insectes de Getsharp débarquent des Pays-Bas, à la traçabilité parfaite, pour une fabrication française (région de Bourg-en- Bresse).

Ce duo a le sens aiguisé des affaires, à la vue du nom de la marque et de son logo, mais ne croit pas à un effet de mode. «Nous pensons que les insectes ont de l’avenir car ils ne sont pas chers. Le coût économique minimum répond à la pénurie alimentaire, sans parler des bienfaits écologiques car les insectes nécessitent peu de ressources», insistent-ils en chœur.

Appel aux partenaires financiers

Reste la commercialisation. «Nous cherchons des partenaires pour développer ce produit, trouver des marques de distributeurs», glissent-ils clairement. Un financement participatif a été lancé cet hiver pour récolter 2000€. L’objectif a été atteint et même dépassé (3000€). Et à redorer l’image des insectes auprès des panses bien pensantes au pays roi de la gastronomie. «On introduit un produit sain. Nous voulons revaloriser le “made in France”», lance ainsi Justin LeCreff qui n’a donc pas froid aux yeux et aux phrases chocs.

Tout en étant lucide : «Il faut donner une légitimité». Au-delà de convaincre les partenaires potentiels, cela passe donc «par le changement de mentalités et le volet sanitaire car, en France, c’est encore le flou auprès des autorités en la matière, sans parler du poids administratif». Des hockeyeurs français, des clubs locaux comme le Judo Rodez Aveyron ou le Roc Aveyron handball y ont goûté et jouent le jeu. Si le handball s’y met, Getsharp peut être champion du monde, non ?

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Source : Olivier Courtil, Centre Presse Aveyron, 10 février 2015
http://www.centrepresseaveyron.fr/2015/02/09/julien-le-creff-un-espalionnais-qui-a-le-gout-des-insectes,948841.php

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